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Un diagnostic pas encore tout à fait partagé

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Trois ans après l’engagement du chef de l’Etat de réduire la pauvreté d’un tiers en cinq ans, « le gouvernement ne vient de communiquer que sur un seul indicateur, que nous avons toujours contesté ». ATD quart monde relativise ainsi le satisfecit de Marc-Philippe Daubresse sur l’évolution « favorable » des chiffres (1). Le ministre des Solidarités actives a en effet pris comme référence le « taux de pauvreté monétaire ancré dans le temps », passé de 13,2 % à 11,6 % entre 2006 et 2008. Or, répète ATD quart monde, et comme l’avait objecté l’Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale, cet indicateur, calculé selon un seuil initial fixé à 60 % du revenu médian en 2006, soit 876 €, corrigé de l’inflation, « reflète bien mal la réalité ».

Les chiffres publiés en septembre par l’INSEE, fondés sur le « seuil de pauvreté officiel » (60 % du revenu médian annuel), « montrent que le taux de personnes au-dessous du seuil de pauvreté n’a pas évolué entre 2006 et 2008. Ils montrent également que les plus pauvres se sont appauvris », oppose ATD quart monde. Sans compter que ces chiffres ne prennent pas encore en compte les effets de la crise économique. L’association regrette plus globalement que le ministre ait commenté un tableau de bord dont toutes les données (intensité de la pauvreté monétaire, indicateur au seuil de 40 % du revenu médian, qui concerne les plus pauvres…) ne sont pas encore rendues publiques.

L’Uniopss, reçue avec d’autres associations par Marc-Philippe Daubresse le 12 octobre, avait, quant à elle, fait valoir « les points de consensus » issus des travaux de sa commission « lutte contre la pauvreté » (collectif Alerte). Si le ministre leur a indiqué qu’il s’appuierait sur leurs propositions, il ne s’est pour l’heure concrètement engagé, à l’occasion de la journée du refus de la misère, le 17 octobre, que sur une de leurs revendications : la préparation d’une campagne de communication visant à « améliorer le regard sur la pauvreté ». Dans cette perspective, un groupe de travail devrait être créé avec les associations et des personnes en situation de pauvreté.

D’autres sujets reprenant les revendications associatives ont été seulement évoqués, comme la participation des personnes défavorisées à la définition des politiques de lutte contre la pauvreté ou la coordination des acteurs de l’insertion, dont les associations, dans le cadre des pactes territoriaux d’insertion. L’Uniopss ne désespère pas néanmoins d’obtenir d’autres avancées, des mesures en effet doivent encore être annoncées le 30 novembre, jour de clôture de l’« année européenne de lutte contre la pauvreté ». Elle a également plaidé pour la réintroduction de la dimension « insertion sociale » dans les politiques publiques et la mise en œuvre d’un « plan d’action multidimensionnelle », mais aussi pour la revalorisation des minima sociaux et la création d’un système de ressources pour les jeunes en difficulté. Reste que « le ministre aura certainement une plus grande attention sur ce qui n’a pas d’incidence sur les finances publiques », tempère Bruno Grouès, conseiller technique à l’Uniopss.

A l’occasion de la journée du refus de la misère, les associations ont, par ailleurs, insisté sur la fragilisation des personnes âgées, notamment des femmes. L’écart commence à se creuser dès 65 ans (8,3 % des femmes en dessous du seuil de pauvreté contre 7,4 % des hommes) pour se confirmer à partir de 75 ans (15,1 % des femmes contre 8,8 % des hommes), selon Les petits frères des pauvres. Alors que 45 % des pauvres ont moins de 25 ans, ATD quart monde a, pour sa part, remis au Premier ministre un « mémoire » de propositions pour la jeunesse, parmi lesquelles l’interdiction légale des discriminations pour cause de pauvreté (2), la promotion d’expérimentations combinant formation et accès à l’emploi, ou encore « le droit à une sécurité des revenus dans le cadre d’une ambition et d’un projet professionnels ».

Notes

(1) Voir ASH n° 2678 du 15-10-10, p. 5.

(2) Voir ASH n° 2677 du 8-10-10, p. 3.

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