Son grand-père s’adresse à elle comme à une adulte, avec des mots compliqués qu’elle doit comprendre toute seule. Pas étonnant que Malika s’ennuie à la maternelle. Elle est surdouée. Ses camarades ont du mal à la suivre, les adultes à la comprendre. Malika vit dans « une cité de banlieue », comme le notent Habiba Mahany et Mabrouck Rachedi. Pour la première fois, le frère et la sœur écrivent à quatre mains, mais toujours sur leur thème commun. Habiba Mahany est l’auteure de Kiffer sa race, histoire de la jeune Sabrina à Argenteuil, en banlieue parisienne. Mabrouck Rachedi, lui, a publié Le poids d’une âme, mésaventures d’un jeune renvoyé de son lycée, et Le petit Malik (1). Difficile de ne pas penser à ce dernier livre en lisant, comme une réponse, La petite Malika. Malik évolue avec sa bande dans un certain conformisme ; en proie aux moqueries dès son plus jeune âge, Malika cultive, elle, sa singularité. Malik ne se voit pas de perspectives, quand Malika fait des choix – de métier, de lieu de vie, de compagnons. Les auteurs entendent transmettre une autre image de la banlieue. Entreprise nécessaire. Les clichés guettent pourtant dès les premiers paragraphes, quand dans la voix de Malika résonne celle des auteurs, adultes. Le personnage devient plus crédible en prenant de l’âge. Plus drôle aussi. Et sa détermination se révèle contagieuse.
Culture
Malika à quatre mains
Article réservé aux abonnés
La petite Malika – Mabrouck Rachedi et Habiba Mahany – Ed. JC Lattès – 16,50 €
Notes