La normalité du handicap

A priori, ces Lyonnais n’ont rien de particulier : Alexandre est étudiant en médecine, François joueur de foot, Pierre adore le parapente et Elodie prépare son prochain voyage. Leur point commun : Jean-Baptiste Laissard se rend à leur domicile pour s’occuper d’eux, trois matins par semaine. Il est auxiliaire de vie, eux souffrent d’un handicap physique (infirmité motrice cérébrale, myopathie, tétraplégie). Photographe professionnel depuis quinze ans, Jean-Baptiste Laissard a une passion : les gens. Alors, après les avoir fait poser, il a ressenti le besoin de donner de sa personne pour s’occuper d’eux. Sensibilisé au handicap par des années de bénévolat dans une association locale, il postule en 2009 pour devenir auxiliaire de vie à temps partiel. Des liens forts se nouent avec les sept adultes auprès desquels il travaille. « Je suis très vite entré dans leur quotidien et leur intimité. Cela m’a donné l’envie de monter un projet d’ampleur : un livre de photographies qui montrerait qu’ils sont comme les autres. Ils ont tout de suite adhéré », raconte Jean-Baptiste Laissard. C’est pour cela que l’ouvrage s’intitule Vies en roue libre : Gilles, Alexandre, François, Patrick, Elodie, Mehdi et Pierre n’ont pas de freins dans la vie. « J’ai voulu raconter la normalité du handicap. J’ai demandé à chacun d’eux ce qu’il souhaitait dévoiler de sa vie, l’un a voulu montrer son autonomie dans les transports, un autre qu’il était capable d’avoir une relation amoureuse… » Le croisement du regard d’artiste avec celui de soignant donne une réelle originalité à l’album de Jean-Baptiste Laissard. Seule la relation d’intimité qu’il a tissée au fil des mois avec les jeunes handicapés a permis de les immortaliser sur le vif : au réveil, à la sortie de la douche, avec leur petite amie, etc. Des modèles qui se sont tous investis dans le projet (conçu sans l’appui d’une maison d’édition), en aidant le photographe à trouver des subventions ou à réaliser son site Internet.