De 2007 à 2009, le nombre de patients vus en consultation par Médecins du monde a augmenté de 17 %. Selon le rapport annuel de l’association (1), « la crise économique et les politiques de sécurité et d’immigration menées par le gouvernement viennent aggraver la situation sanitaire déjà très difficile des populations les plus pauvres ». La hausse de 30 % en un an du nombre de mineurs suivis l’inquiète particulièrement. En effet, en 2009, 12 % des personnes soignées dans les centres d’accueil, de soins et d’orientation (CASO) étaient des mineurs, et la moitié d’entre eux avait moins de 7 ans. Parmi ces derniers, seul un tiers était à jour pour ses vaccinations.
Pourtant, 96 % des mineurs relèvent en théorie d’un dispositif de couverture maladie (2). Mais « lorsqu’ils sont reçus pour la première fois dans les CASO, seuls 14 % des mineurs disposent de droits effectivement ouverts ». La peur des arrestations au cours des démarches administratives et les déplacements de population, conséquence des expulsions, pourraient en partie expliquer cette carence. En effet, neuf enfants soignés sur dix sont étrangers, et un quart, roumains. D’ailleurs, l’association craint que « la politique répressive menée par le gouvernement à l’encontre des Roms » aggrave encore leur situation sanitaire. « Expulsions répétées, restriction des droits, démantèlement des lieux de vie, peur de se déplacer, conduisent les personnes à renoncer aux soins et les équipes à ne plus vouloir assurer le suivi médical nécessaire : les campagnes de vaccination sont interrompues, le suivi des grossesses mis en place avec retard, le traitement de maladies chroniques n’est pas assuré », déplore l’association.
Pour pallier cette situation, Médecins du monde a mis en place « des réponses habituellement utilisées à l’international en situation d’urgence humanitaire », comme l’installation en une nuit d’un camp d’urgence pour des familles de Roms sans abri. « Pourtant, regrette l’association, même ces réponses d’urgence sont mises à mal par les pouvoirs publics. En 2009-2010, le préfet [de Seine-Saint-Denis nous] a assignés en justice après l’installation du camp rom du quai de Saint-Ouen [et] a procédé à une expulsion pendant une campagne de vaccination conjointe avec le conseil général. »
Par ailleurs, le rapport montre que les personnes viennent se faire soigner « quand elles n’ont vraiment plus le choix ». En effet, le retard de soins a doublé entre 2007 et 2009, passant de 11 % à 22 %. Et parmi les étrangers, les patients sans titre de séjour sont les premiers exposés.
(1) « L’accès aux soins des plus démunis en 2010 » – Disponible sur
(2) Aide médicale de l’Etat, assurance maladie ou droits ouverts dans un autre pays européen.