C’est en pleine discussion au Parlement de la loi Besson sur l’immigration (1) que la Cimade a rendu son rapport annuel sur les centres de rétention administrative (CRA) (2). Il s’agit de la dernière édition dans laquelle l’association « est en mesure de témoigner de la situation de tous les centres de rétention administrative en France », souligne-t-elle, en rappelant l’entrée en vigueur, au 1er janvier dernier, de la réforme confiant l’accompagnement des étrangers placés en rétention administrative à cinq associations réparties sur les différents sites (3).
« Chaque rapport alerte sur les mêmes situations (interpellations abusives, violences et tensions à l’intérieur des centres, banalisation de l’enfermement des enfants…), chaque fois un peu plus aggravées », s’inquiète l’association. Parmi les tendances les plus choquantes, la hausse du nombre d’enfants enfermés : il a doublé en cinq ans, passant de 165 en 2004 à 318 en 2009. La durée moyenne de rétention d’une famille en CRA est de cinq jours (contre 10,7 jours pour une personne seule), mais les enfants peuvent en théorie y être enfermés jusqu’à 32 jours (4), alors qu’« un enfant n’a rien à faire derrière les barbelés, quelle que soit la durée de cette situation inhumaine », estime la Cimade.
En 2009, 29000 étrangers de 154 nationalités différentes sont passés par des centres de rétention avant leur reconduite à la frontière. La plupart venaient d’Afrique du Nord (36 % étaient originaire du Maroc, de Tunisie ou d’Algérie). La part d’Afghans était de 3,4 %, « alors que ces personnes quittent un pays en guerre pour trouver refuge en Europe », dénonce la Cimade. Les Roumains, eux, ne représentaient que 2 % des personnes retenues. Explication de l’association : « Comme nous avons pu le constater durant l’été 2010, le renvoi de Roumains, parmi lesquels nombre de Roms, se fait souvent via une procédure qualifiée de “retour volontaire”, qui n’a de volontaire que le nom, et qui n’implique pas de passage en centre de rétention. »
(2) Disponible sur
(4) L’actuel projet de loi sur l’immigration prévoit un allongement de la durée maximum de rétention des immigrés en situation irrégulière, qui passerait de 32 à 45 jours.