L’argument selon lequel leur ministère est épargné par les coupes budgétaires les irrite. Les syndicats des personnels de l’administration pénitentiaire s’élèvent contre les mesures du projet de loi de finances 2011 (voir ce numéro, page 47), qui leur ont été présentées par le directeur de l’administration le 4 octobre. En 2011, 1289 agents, dont 987 surveillants, devraient être recrutés dans l’administration pénitentiaire, ce qui représenterait un solde de 563 créations d’emplois. « Pour les personnels administratifs, techniques et d’insertion, c’est un euphémisme de dire que les recrutements sont très loin de correspondre aux besoins, s’alarme la CGT-pénitentiaire. Pire, ils ne couvriront sans doute même pas les départs en retraite, démissions et détachements dans d’autres corps. » Alors que les organisations syndicales prévoyaient, le 14 octobre, une réunion « unitaire » pour décider des suites à donner au projet de budget, la CGT-pénitentiaire a d’ores et déjà annoncé « le boycott des différentes réunions avec l’administration ».
Egalement décidé à protester le Snepap (Syndicat national de l’ensemble des personnels de l’administration pénitentiaire)-FSU, qualifie de « ridicule » le nombre de 75 postes ouverts pour les concours de conseillers d’insertion et de probation (CIP) et de directeurs d’insertion et de probation en 2011. Moins de 3 000 aujourd’hui, les CIP avaient vu leurs effectifs augmenter d’une centaine de postes en 2010. Le Snepap demande que les recrutements soient prévus au regard de l’augmentation des personnes suivies par le service public pénitentiaire : « de 2007 à 2011, 10,3 % de personnes incarcérées en plus ! Pour la même période, + 37,5 % de personnes suivies en milieu ouvert ! » Il renvoie également à l’étude d’impact de la loi pénitentiaire que le gouvernement a transmise au Sénat le 7 novembre 2008, dans le cadre des débats parlementaires. Afin de faciliter le mise en œuvre des aménagements de peine, ce rapport avait estimé « nécessaire de passer de 80 à 60 dossiers par conseiller d’insertion et de probation, ce qui nécessiterait la création de 1 000 postes de CIP ».
« Si la réforme statutaire de la filière “insertion probation” semble assurée dans ce budget, la question des moyens humains est donc complètement écartée », pointe le Snepap, estimant que la direction de l’administration pénitentiaire n’apporte pas de réponse « à la question du recrutement d’équipes pluridisciplinaires dans les SPIP ». La mise en place de ces équipes est prévue dans le cadre de la réforme revalorisant le statut des personnels d’insertion et de probation, qui recentre le métier des CIP sur le champ pénal et criminologique. Les décrets d’application de cette réforme ne sont pas encore parus.