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« LA CRISE, UNE OPPORTUNITE POUR L’ECONOMIE SOCIALE ET SOLIDAIRE »

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Le 11 octobre à Paris, 260 acteurs ont lancé les « états généraux de l’économie sociale et solidaire » (ESS). Objectif : organiser une mobilisation collective pour parvenir à infléchir notre modèle de développement, explique Laurent Fraisse, membre du Labo de l’ESS, à l’initiative du projet (1).

Pourquoi ces « états généraux »?

L’appel à des « états généraux de l’économie sociale et solidaire » a été lancé le 12 mai dernier par 12 responsables de l’ESS (2). Il s’agit de construire une large mobilisation autour de ce secteur afin d’en faire un thème incontournable de la campagne présidentielle de 2012. L’un des objectifs est d’influencer les décideurs : des propositions ont été faites récemment sur l’ESS, comme celles du rapport Vercamer (3) ou du Labo de l’ESS (4), sans parvenir, pour le moment, à dépasser le cercle des sympathisants. Nous devons aussi impliquer les salariés de ce secteur et convaincre les citoyens en général. Enfin, nous voulons créer une mise en mouvement à partir des territoires : c’est là qu’il y a, depuis une dizaine d’années, des regroupements d’acteurs et des innovations. S’il n’y a plus de politique nationale, il existe des politiques de l’ESS dans la plupart des régions et de nombreuses collectivités locales. Le nombre d’élus locaux ayant l’ESS dans leurs compétences ne cesse de croître. Il s’agit de capitaliser ces initiatives et de porter des propositions pour un développement économique plus équitable et plus solidaire.

Que retenir de la journée du 11 octobre ?

Top départ des « états généraux », elle a permis de mesurer l’intérêt suscité par la démarche puisque plus de 260 personnes, d’horizons très divers, sont venues discuter et proposer des axes de travail. Un document sur les « premières pistes d’action et premiers engagements » va être mis en ligne afin d’être débattu en novembre, lors de la troisième édition du mois de l’économie sociale et solidaire (5). Ces axes seront précisés lors d’un premier comité de pilotage en décembre et toutes les initiatives des acteurs convergeront vers un rassemblement du 17 au 19 juin 2011 au palais Brongniart, à Paris.

L’ESS apparaît comme une nébuleuse. Que recouvre-t-elle ?

On y range les entreprises de l’économie sociale et les initiatives de l’économie solidaire. Si les premières privilégient une approche statutaire (mutuelles, coopératives, associations), les secondes mettent davantage l’accent sur la finalité sociale, équitable et durable de leur production et la mobilisation citoyenne. L’ESS ne se réduit pas, en effet, à une organisation ou à une façon d’être différente sur le marché, elle est portée par une ambition : entreprendre au service de l’homme dans une perspective de développement durable.

Bon nombre d’acteurs de l’économie sociale semblent loin de cet idéal…

Justement l’alliance du « social » et du « solidaire » peut redonner du souffle à des acteurs qui ont parfois tendance à se replier sur eux-mêmes. D’autant qu’ils paient aujourd’hui le choix des gouvernements de transférer la dette privée des banques sur la dette publique. Nous les invitons à s’engager en leur disant : « Si vous voulez continuer à croître dans une économie mondialisée et toujours plus concurrentielle, il faut aussi agir sur le modèle du développement économique. Pour cela, développez des coopérations au niveau des territoires, irriguez l’ensemble de l’économie de vos valeurs et de vos pratiques. »

Est-ce possible dans une économie mondialisée et guidée par le profit ?

La crise du capitalisme offre une opportunité historique pour faire connaître et reconnaître l’ESS. Encore faut-il qu’elle ne se laisse pas réduire à sa fonction nécessaire de réparation sociale des victimes de la récession. Ses valeurs et ses pratiques peuvent aussi inspirer les nécessaires réformes des régulations économiques. Mais ses acteurs doivent sortir de l’entre-soi et co-construire propositions avec d’autres (élus, syndicats, entreprises., intellectuels…) pour gagner la bataille des idées. Il y a urgence, car le débat public semble de plus en plus se résumer à l’équation : sortie de crise = sacrifier l’investissement dans la solidarité au nom d’un retour à une croissance pour le moins improbable.

Notes

(1) Et chercheur au Centre de recherche et d’information sur la démocratie et l’autonomie.

(2) Dont Claude Alphandéry, initiateur du Labo de l’ESS et président d’honneur de France Active.

(3) Voir ASH n° 2657 du 30-04-10, p. 5.

(4) 50 propositions « pour changer de cap » - www.lelabo-ess.org.

(5) Organisée par la conférence nationale des chambres régionales de l’économie sociale, elle donne lieu à de nombreuses manifestations locales – www.lemois-ess.org.

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