Laura Halilovic a un passeport bosniaque, une carte d’identité italienne, mais elle est rom avant tout. Elle a beau avoir emménagé avec ses parents dans un appartement à Turin, il y a près de dix ans, et vivre comme une gadjo, elle reste très attachée à ses racines. Seul hic, elle a 19 ans et ses parents veulent déjà la marier. A son âge, sa mère avait déjà trois enfants… Ce documentaire dresse le portrait de chaque membre de la famille de Laura : son père ferrailleur et sa mère qui élève ses cinq enfants dans la culture rom. Ses frères et sœurs, qui aiment plus que tout passer du temps à jouer en plein air. Ses oncles aussi, qui vivent dans un campement près de l’aéroport dont ils sont sur le point d’être expulsés. Sa grand-mère, enfin, la femme forte de la famille, arrivée en Italie en 1968 et qui affirme : « On souffrait en Yougoslavie. On souffre en Italie. » Car là-bas comme ailleurs les Roms sont victimes de ségrégation : « Les gadjé ne nous aiment pas parce qu’on est libres et qu’on ne veut pas vivre comme eux », estime Laura, seule protagoniste qu’on ne voit pas à l’écran, ou si peu. Parce que c’est elle qui tient la caméra. Laura a un rêve depuis le jour où, enfant, elle a vu Woody Allen pour la première fois à la télévision : devenir réalisatrice. Et son documentaire, fait d’images d’archives, de témoignages, de microtrottoirs… est d’une qualité rare. A travers l’univers personnel d’une jeune fille, c’est le portrait d’une communauté entière qui est dressée. Mais transparaît aussi une révolte contre le regard négatif des autres sur les siens : « Il est temps que les Roms arrêtent de se sentir inférieurs. Il faut qu’on apprenne à se faire entendre, tous ensemble », conclut Laura.
Culture
Le rêve de Laura
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Moi, ma famille rom et Woody Allen – Laura Halilovic – 52 min – Sur France 5, mardi 19 octobre, à 20 h 35