Le photojournaliste nordiste Olivier Touron a été une victime. D’une agression commise par un mineur. Convoqué dans le bureau du juge en compagnie de l’enfant, de ses parents et de l’éducateur spécialisé, il découvre alors un monde qu’il ignorait. « J’ai appris que ces acteurs étaient demandeurs que quelqu’un raconte leur quotidien », se souvient-il. C’est chose désormais faite, avec l’exposition « Moi et la justice pénale, parcours mineur », présentée à Roubaix. La visée est pédagogique : « Je me suis mis dans la peau d’un jeune qui se demande ce qui peut lui arriver quand il passe la limite. »
La scénographie est dépouillée, panneaux blancs. Deux parcours se présentent. D’abord, la revue de tous les métiers concernés, avec dix portraits en pied. Des écouteurs attendent le visiteur : chacun y décrit son rôle. Gaëlle Glabaux, assistante de service social, explique par exemple qu’elle est « attachée à la mission éducative de la PJJ [protection judiciaire de la jeunesse]. On ne s’arrête pas à l’acte délictueux lui-même, mais on s’intéresse à la situation globale du mineur. »
Ensuite, l’exposition retrace la chronologie d’un passage à l’acte et de sa prise en charge, découpée en épisodes. On est dans le vécu, et le photographe a mis en images toutes les possibilités de l’ordonnance de 1945 : le milieu ouvert et ses bureaux, la ferme pédagogique et son feu de bois, alternative à la prison, le centre éducatif fermé et ses cabanons avec œilleton, les barreaux et le baby-foot de l’établissement pénitentiaire pour mineurs de Quiévrechain (Nord). « La PJJ a un arsenal de réponses institutionnelles, constate Olivier Touron. Et c’est le juge qui décide le parcours que le mineur va emprunter, dans un souci prioritairement éducatif. »