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Première étude d’ampleur sur la spécificité des centres de santé

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Les patients des centres de santé sont à 70 % en situation de précarité. C’est l’une des principales conclusions de l’étude Epidaure-CDS, menée à l’initiative de la Fédération nationale des centres de santé, avec le support de l’Institut de recherche et de documentation en économie de la santé (IRDES), qui vient d’être restituée à l’occasion du 50e congrès national de ces centres, qui s’est achevé le 8 octobre.

Bien qu’elles existent depuis plus de 50 ans, « il n’y avait encore jamais eu d’étude sur la place de ces structures dans l’économie de la santé », souligne Richard Lopez, médecin, directeur du service santé de Champigny-sur-Marne (Val-de-Marne) et chef de projet de l’étude – dont le coût, sur trois ans, s’est élevé à 650 000 €. Epidaure avait pour objectif de mieux appréhender et valoriser les spécificités des centres de santé en termes d’offres de soins, d’accessibilité sociale, de prise en charge pluridisciplinaire et pluriprofessionnelle (1), d’actions de santé publique pour l’ensemble des habitants d’un territoire de proximité et plus particulièrement pour les personnes en situation de précarité. L’évaluation a porté sur un échantillon de 21 structures pluridisciplinaires, situées pour la plupart dans des zones urbaines sensibles de la région parisienne.

Une offre adaptée

Les différents modules d’Epidaure confirment donc une spécificité des centres en termes d’implantation, d’organisation et de population suivie (2). En effet, l’installation de nombreuses structures dans des zones médicalement défavorisées et l’ouverture sur des horaires élargis, toute l’année, participent à l’accessibilité et à la continuité des soins qui y sont dispensés. La clientèle, « de proximité », y est fidèle car « il y a une adaptation de l’offre à la demande ». Il s’agit d’une population composée de 30 % d’inactifs. En consultation de médecine générale, 46 % des patients estiment leur état de santé de « moyen » à « mauvais » (contre 28 % dans la population générale) et près de 64 % se déclarent d’eux-mêmes « précaires ». « Les centres de santé contribuent donc à la réduction des inégalités sociales de santé », décode Eric May, médecin généraliste au centre de Malakoff (Hauts-de-Seine) et président de l’Union syndicale des médecins de centres de santé (USMCS).

Pour autant, « dans cette période de pénurie de soignants, nous revendiquons d’être accessibles à tous », souligne-t-il. Il pointe que les centres attirent également des populations plus favorisées ainsi qu’une recrudescence d’une patientèle « intermédiaire » pour laquelle le recours au tiers payant est indispensable car « ces personnes ne peuvent plus se permettre de faire l’avance de frais de santé ».

En règle générale, les médecins des centres de santé d’Ile-de-France ressentent « une dégradation de la population qui fréquente les structures ». Or s’occuper de patients en grande difficulté sociale demande « un investissement des équipes administratives et des médecins plus important », précise Anne Moulin, médecin généraliste au centre de santé d’Orly (Val-de-Marne).

Devant ce constat, les centres de santé sont, pour la plupart, saturés. Paradoxalement, alors qu’ils sont voués à se développer pour faire face aux besoins de la population, nombre d’entre eux sont soumis à des difficultés financières (3), voire à des menaces de fermeture, comme à Montreuil (Seine-Saint-Denis), où les personnels des centres de santé étaient en grève le 5 octobre.

Notes

(1) Selon les centres on y trouve des médecins, des dentistes, des infirmiers, des kinésithérapeutes, des diététiciens, des psychothérapeutes et/ou des assistants de service social.

(2) Plusieurs outils statistiques et analytiques ont été exploités par l’IRDES, qu’il s’agisse de requêtes dans la base de données de l’assurance maladie, de l’utilisation du score « Epices » (Evaluation de la précarité et des inégalités de santé dans les centres d’examens de santé) ou des questionnaires proposés à 15 000 usagers.

(3) Les centres de santé tirent la majorité de leur revenu du remboursement de leur activité de soins à l’acte et peuvent recevoir des fonds de la part d’autres financeurs (municipalité, associations, mutuelles). Une expérimentation de tarification forfaitaire est cependant en cours.

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