En 1975, après l’abaissement de l’âge de la majorité civile, les pouvoirs publics ont instauré des mesures d’aide judiciaire et administrative pour les 18-21 ans sans ressources ou soutien familial suffisant. C’est la version administrative de cette protection, le contrat jeune majeur (CJM), qui est au cœ;ur de l’enquête réalisée dans un département d’Ile-de-France – non spécifié – par Céline Jung, assistante sociale dans le champ de l’enfance. Pour analyser les pratiques des travailleurs sociaux relativement au CJM, l’auteure a rencontré une vingtaine de professionnels, pour la plupart en poste à l’aide sociale à l’enfance (ASE). Lorsqu’ils sont interrogés sur les objectifs du CJM, tous les travailleurs sociaux de l’ASE, à une exception près, parlent d’autonomie – laquelle, assez paradoxalement, paraît aussi constituer à leurs yeux un prérequis pour admettre les candidats au bénéfice dudit contrat. La définition d’un projet – essentiellement articulé à une formation courte – et l’engagement du jeune à respecter le cadre de cette démarche, ainsi que de son hébergement et de son suivi éducatif, sont également déterminants pour entrer (et rester) dans la mesure, dont l’aspect non obligatoire est largement souligné. En revanche, il est beaucoup plus rarement fait référence aux besoins de l’intéressé. Il semble d’ailleurs que les jeunes qui signent un CJM avec l’ASE pour des raisons de vulnérabilité soient ensuite confrontés à des échecs : faute de satisfaire aux exigences de leur contrat, ils voient celui-ci tourner court. Les ex-contractants se retrouvent alors souvent en situation d’errance ou de précarité, constate Céline Jung. Et d’interroger cette logique du donnant-donnant, qui tend à transformer un dispositif de protection en dispositif d’insertion : est-elle vraiment adaptée aux spécificités du public ciblé ?
L’aide sociale à l’enfance et les jeunes majeurs. Comment concilier protection et pratique contractuelle ?-
Céline Jung - Ed. L’Harmattan - 16,50 €