CINÉMA

TANIA EN RETENUE. On ne sait pas grand-chose du passé de Tania. Partie de Russie avec son jeune fils, elle est arrivée en Belgique en 2001 et, pour échapper au renvoi dans son pays, elle a fait disparaître ses empreintes digitales en se brûlant les doigts… Huit ans plus tard, Tania et Ivan continuent de vivre clandestinement, en redoutant les contrôles de police. Jusqu’au jour où elle est arrêtée et placée dans un centre de rétention administrative. C’est dans ce lieu que se déroule toute l’action d’Illégal. Un centre où se côtoient femmes et familles avec enfants de différentes nationalités, « des sans-papiers détenus alors qu’ils ont dû fuir la misère, la dictature, la guerre, et qui sont traités comme des criminels », s’insurge le réalisateur Olivier Masset-Depasse. Avec cette fiction traitant d’un sujet d’actualité, il souhaite surtout inciter au débat. Son centre de rétention est dépeint comme une prison, où le seul lien avec l’extérieur est le téléphone. Encore faut-il être de corvée pour gagner l’argent qui permettra d’appeler… La lenteur des journées où ces hommes et ces femmes ne sont que dans la survie – s’entraidant au minimum – est uniquement cassée par des accélérations inattendues : les expulsions. Tania, femme forte qui ne cherche qu’à revoir son fils, se battra pour trouver une issue de sortie, à tout prix. « Beaucoup de films montrent ce que ces gens peuvent endurer pour arriver ou rester chez nous. J’ai voulu montrer ce que nous leur faisons endurer pour qu’ils rentrent chez eux », explique le réalisateur qui, pour assurer le réalisme de son récit, a enquêté avec un journaliste et un conseiller juridique de la Ligue de droits de l’Homme belge, a rencontré des sans-papiers ainsi que des gardiens de centre de rétention, et a même réussi à pénétrer dans l’un de ces établissements.