Le Centre d’analyse stratégique (CAS) et la direction générale de la cohésion sociale (DGCS) ont lancé, le 27 septembre, un cycle de séminaires ayant pour thème « la cohésion sociale par ses instruments : quelle actualité des approches et des méthodes dans le champ social ? ». Au total, sept séances thématiques sur les méthodes des politiques sociales de travail seront organisées jusqu’en avril 2011. Objectifs, selon Vincent Chriqui, directeur général du CAS : « examiner la pertinence des différents instruments mobilisables dans le champ social, l’évaluation de leurs acquis, les conditions de leur appropriation » et, par là, prendre acte des forces et des faiblesses de notre modèle d’intervention sociale. Une démarche devenue nécessaire au regard notamment de la création de la DGCS, estime Fabrice Heyriès, son directeur général. « Cette évolution nous amène à concevoir et à piloter nos politiques avec une nouvelle approche, plus transversale, qui ne serait plus exclusivement braquée sur les publics en difficulté et faisant une place aux politiques de lutte contre les discriminations. »
Il ressort des travaux des organismes de contrôle et d’évaluation, tels que la Cour des comptes ou l’inspection générale des affaires sociales, que le secteur social a une « tendance à la reproduction des modèles hérités d’intervention […] que l’on pourrait qualifier de déficit d’innovations sociales », relève Vincent Chriqui. Au-delà, il note la « prépondérance des approches individuelles ou curatives au détriment des approches collectives, communautaires ou préventives », qui offrent pourtant l’avantage, selon lui, « de compléter [l’action publique] d’une dimension d’investissement, bénéfique tant pour les finances sociales que pour les usagers ». Enfin, le directeur général du CAS attire l’attention sur « la possible persistance d’un déficit d’appropriation des outils de participation, d’évaluation, de contrôle et de pilotage dans le champ de l’intervention sociale ». Toutefois, estime-t-il, « il est indéniable que le modèle français d’intervention sociale, qui bénéficie d’un haut niveau de financements socialisés et d’un haut niveau d’organisation, peut présenter de ce fait des potentialités d’évolution non négligeables, que l’on se réfère à la réorganisation des administrations et des services déconcentrés, à l’approfondissement de la décentralisation, à la demande de responsabilité du tiers secteur ».
Dans ce contexte, le CAS et la DGCS plancheront notamment sur : le processus d’innovation sociale, c’est-à-dire d’élaboration, d’identification et de diffusion des approches innovantes ; les approches qui présenteront un contenu d’innovation « parce qu’elles privilégient un registre de prévention et d’investissement dans les personnes et les collectifs » (démarches dites « de prévention précoce » à destination des familles et des personnes vulnérables, approches dites « d’intérêt collectif ou communautaire »). Par ailleurs, a indiqué Fabrice Heyriès, deux projets sont envisagés : l’instauration d’indicateurs de la cohésion sociale et la mise en place d’un « baromètre de perception de la cohésion sociale ».
Ce cycle de travaux donnera lieu à un rapport conjoint du CAS et de la DGCS synthétisant les séminaires, rapport qui sera présenté lors d’une manifestation nationale sur les politiques de cohésion sociale.