A Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), Sami s’est pris un coup de couteau. Trois points de suture. Les éducateurs se font du souci. Ça ne lui fait ni chaud ni froid. Un autre adolescent dort sur une chaise. Il a passé la nuit à traîner dehors. Des petits de 12 ans parlent d’aller « québra » le magasin Picard… Violence du langage, violence des actes, Julia Varga a posé sa caméra à Mosaïque, structure d’accueil du service municipal hygiène et santé d’Aubervilliers. Les jeunes de 12 à 17 ans du quartier fréquentent ce lieu librement, gratuitement, sans régularité prédéfinie – « et souvent dans des moments sensibles », précise la réalisatrice. Dans ce reportage sans complaisance apparaissent tantôt le dénuement des travailleurs sociaux face à des adolescents en situation d’exclusion, tantôt une brèche qui leur permet de travailler sur leur estime de soi. Check check poto (photo ci-dessous) est diffusé jeudi 7 octobre à 18 heures, dans le cadre des 15e Rencontres du cinéma documentaire de Montreuil, organisées par l’association Périphérie. Cette année, le thème du festival est « Langage et parole ». La parole, c’est aussi celle qui est recueillie par les professionnels de l’association parisienne Primo Levi, qui reçoit les étrangers victimes de la torture et de la violence politique. Dans Ceux de Primo Levi, Anne Barbé filme l’équipe de juristes, de psychologues, de médecins et d’assistants sociaux, qui évoquent leurs patients – sans qu’on en voit aucun. Si les professionnels expliquent qu’ils ne peuvent pas soulager la douleur des victimes, ils tentent néanmoins de les aider « à se rapprocher de l’humanité ». Le film est diffusé mercredi 6 octobre à 18 h 30. Le même jour, à la même heure sera présenté le court métrage de Manuela Frésil et Edie Laconi, Les nuits de la préfecture. Il a été tourné il y a quelques mois devant la préfecture de Bobigny où, dès le petit matin, des centaines de personnes font la queue pour retirer un dossier, renouveler une carte de séjour ou déposer une demande d’asile. Réalisé avec les militants de Réseau éducation sans frontières (RESF), le film montre les conditions lamentables de cette attente des usagers (1), dans l’espoir de décrocher un ticket d’entrée dans le service d’accueil où, souvent, ils seront de toutes façons reconvoqués, car « il manque toujours un papier ! »
Egalement au programme de ces Rencontres, de nombreux reportages à thématique sociale tournés à l’étranger : en Grèce, en Palestine, en Allemagne.