LA PLACE DE L’ENFANT. La violence conjugale n’est pas qu’une affaire d’adultes : les femmes qui subissent des mauvais traitements dans leur couple ont souvent des enfants, ou en attendent. Les effets délétères de telles violences sur le développement de ces derniers ont été mis en évidence depuis une trentaine d’années par de nombreuses recherches, essentiellement nord-américaines. Leurs principaux résultats sont au cœur de cet ouvrage collectif, coordonné par Karen Sadlier, psychologue clinicienne. Pour les pouvoirs publics, l’exposition des enfants à cette forme de maltraitance – qui en annonce souvent d’autres, comme le montre Marie Desurmont, médecin légiste, expert près de la cour d’appel de Douai – est une préoccupation relativement nouvelle (1). Sur le terrain associatif, en revanche, les structures spécialisées dans l’aide aux femmes victimes de violences conjugales ont été amenées, depuis longtemps, à se soucier des enfants. Actions dédiées à l’enfant lui-même et/ou à la relation mère-enfant : en fonction de l’état de leur réflexion sur la question – et de leurs moyens –, les associations s’investissent plus ou moins dans ce soutien, explique Nadège Séverac, sociologue chargée d’études à l’Observatoire national de l’enfance en danger, qui présente un état des lieux de ces pratiques réalisé en partenariat avec la Fédération nationale solidarité femmes. Au-delà de la diversité des activités organisées, un même principe sous-tend le travail des intervenants, précise Nadège Séverac : il s’agit dans tous les cas de « redonner à l’enfant sa place d’enfant », c’est-à-dire de le reconnaître concrètement comme une personne à part entière, distincte de sa mère et ayant des besoins propres.
L’enfant face à la violence dans le couple – Sous la direction de Karen Sadlier – Ed. Dunod – 24 €