LE DÉLINQUANT MINEUR SEUL RESPONSABLE… Dans une France inquiète pour son avenir, la délinquance juvénile semble particulièrement surexposée. Les contributions d’historiens, de juristes, de psychologues et de sociologues proposées ici par l’Association française de criminologie et présentées par Sid Abdellaoui, maître de conférences en psychologie sociale, témoignent de ce regard stigmatisant. La déviance des mineurs aurait-elle fondamentalement changé ? C’est plutôt la lecture des comportements des jeunes qui est en train de brutalement se modifier, répond en substance Yves Cartuyvels, juriste et criminologue. Et de pointer plusieurs transformations ayant trait à l’image générale du mineur délinquant. Ce dernier n’est plus tant considéré comme une personne vulnérable, victime d’un processus d’exclusion, que comme un acteur rationnel, responsable de ses choix, ou bien un être par nature prédisposé à la délinquance. Dans un cas comme dans l’autre, la question de la responsabilité sociale et collective dans la production de la déviance est évacuée, souligne Yves Cartuyvels : « C’est chez le mineur déviant seul que se situe le problème. » Ce changement de perspective n’est évidemment pas sans incidences sur les pratiques sociales et judiciaires. Dans le champ de la prévention, le travail relationnel cède le pas à divers programmes adaptatifs et à des dispositifs techniques de surveillance ; au plan de la répression, le modèle protectionnel issu de l’ordonnance de 1945 s’efface au profit d’un accroissement de la « punitivité » et d’un rapprochement avec la justice pénale des adultes.
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Les jeunes et la loi. Nouvelles transgressions. Nouvelles pratiques – Sous la direction de Sid Abdellaoui – Ed. L’Harmattan – 22 €