LIVRE

PENSER LA SEXUALITÉ ADOLESCENTE. Prendre en charge les mineurs qui ont subi ou exercé des violences sexuelles et former au développement de la sexualité des jeunes les professionnels de leur entourage – éducatif, médico-social, judiciaire –, tel est le double objectif de la cellule départementale d’accompagnement en sexologie (CDAS) mise en place en 2004 dans la Marne. A l’origine de cette initiative très originale, Marie-Laure Gamet, médecin de la protection maternelle et infantile (PMI) dans le département depuis 1997. Confrontée à des situations de violences sexuelles sur mineurs à la suite desquelles les jeunes victimes pouvaient présenter des comportements sexuels inadaptés à leur âge et/ou se mettre en danger, le docteur Gamet avait aussi constaté l’émotion comme le désarroi des professionnels du conseil général (service social, PMI, aide sociale à l’enfance) face à de telles infractions. C’est ce qui l’a conduite, au début des années 2000, à entreprendre une formation en sexologie. La preuve sera rapidement faite de la ressource que représente une sexologue pour une institution chargée de la protection de l’enfance : à la fin 2009, 436 mineurs, victimes et/ou auteurs de violences, ou bien présentant des troubles du développement sexuel, ainsi que 195 jeunes adultes ayant subi des abus de ce type dans leur enfance ou adolescence, avaient bénéficié d’une thérapie comprenant, en moyenne, une douzaine de consultations. De fait, grâce à l’implication des professionnels formés à la connaissance du traumatisme sexuel et de ses conséquences, de plus en plus de jeunes sont épaulés pour entreprendre un suivi à la CDAS. « La sexualité est devenue “pensable” », commente le docteur Gamet, qui relate, avec Claudine Moïse, socio-linguiste, les tenants et aboutissants de sa démarche.