Michèle Pettazzoni, assistante de service social depuis 1974, travaille actuellement en centre de rééducation fonctionnelle. Elle a aussi exercé en interentreprise, en hôpital psychiatrique, auprès de sourds, d’enfants handicapés mentaux, etc. Elle a toujours porté en elle le goût de l’écriture, mais ce n’est qu’il y a une dizaine d’années qu’elle s’est décidée à prendre la plume et à partager ses poèmes. Ses rencontres professionnelles lui ont donné l’inspiration pour nombre de ses œuvres. « Quand je reçois un choc ou ressens une émotion, il y a des choses qui font écho en moi, que j’ai besoin de retraduire une fois rentrée à la maison, en vers », explique-t-elle. Cela donne d’émouvants poèmes sur le handicap, la maladie, l’immigration, les enfants des cités, les sans-abri, la séropositivité, l’autisme… « Il est vrai que ma réalité et ma lucidité font pencher mes textes du côté obscur. Et je trouve qu’il y a davantage à dire sur la mélancolie et le désespoir que sur le bonheur dont on jouit. » Pour autant, elle a aussi écrit sur la joie de mettre au monde, le bonheur de vieillir, sur la mer, sur l’amour. Son poème dédié au ménage, intitulé La poussière, a même reçu un prix de poésie humoristique !
« Mon écriture est façonnée par tous les poèmes que j’aime, notamment ceux que j’apprenais par cœur étant enfant, ceux de Fernando Pessoa ou, plus récemment, les recueils de Michel Houellebecq », précise Michèle Pettazzoni, qui, avec déjà cinq ouvrages à son actif, tous édités par une association de l’Oise, démarche actuellement les grandes maisons d’édition.
J’accueille en moi une étrangère,
j’ignore sa nationalité.
Elle me ressemble d’étrange manière
et n’aime pas être regardée.
Elle parle une langue familière
que je ne peux pas répéter.
Souvent, elle pleure, l’irrégulière,
elle n’aura jamais de papiers.
Je porte en moi une immigrée
d’un pays que l’on désespère.
Elle résiste depuis des années
et moi longtemps, j’ai laissé faire.
Je l’abrite du bon côté,
je la voile de ma bannière.
Elle a très peur d’être expulsée,
en moi elle tremble cette étrangère.
Je vis avec une réfugiée
qui ne partira jamais.
Elle m’habite comme j’habite la terre,
elle n’a d’autre lieu où aller.
Parfois en moi on la repère
à ses yeux tristes d’exilée…
De poèmes en tapis de prière
je noue ma vie à ses côtés.
(extrait de La vie qui vrille)