EDUCATION POPULAIRE : UNE « PASSION GAIE ». On la décrit souvent comme une vieille dame assoupie, vivotant dans quelques pratiques affadies d’animation socioculturelle. Ce n’est pas du tout ainsi que Christian Maurel voit l’éducation populaire. Depuis l’ambitieux travail de réflexion critique initié, dans les années 1990, par la Fédération française des maisons des jeunes et de la culture, l’éducation populaire est sortie de sa léthargie, développe ce sociologue engagé, cofondateur et coanimateur du collectif national « Education populaire et transformation sociale ». Comme l’intitulé de ce mouvement le laisse entendre, c’est un vaste dessein que l’auteur assigne à cette « praxis culturelle de transformation sociale et politique ». Loin de se cantonner à tel ou tel champ de l’activité humaine – ou à la gestion de la paix sociale…–, l’éducation populaire est appelée à s’exercer dans tous les domaines. Pas en surplomb, « comme un grand soleil qui voudrait éclairer tous les recoins d’un immense paysage », mais en situation, avec des individus concrets qu’elle met en position d’influer sur les événements auxquels ils sont confrontés. Augmentant notre puissance individuelle et collective d’agir, cet outil de conscientisation et de production de savoirs est une « passion gaie » qui ouvre à chacun les chemins de son émancipation, affirme Christian Maurel. Toutefois, encore faut-il que les mouvements et institutions d’éducation populaire sachent se réemparer des grandes questions de société, reconnaît-il. Il y va de leur avenir, mais aussi et surtout de la capacité des publics qu’ils accueillent à intervenir en connaissance de cause sur leur environnement.
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Education populaire et puissance d’agir. Les processus culturels de l’émancipation – Christian Maurel – Ed. L’Harmattan – 22 €