Sur la scène des Eurockéennes de Belfort, en juillet 2009, Staff Benda Bilili déchaîne les foules. Avec un instrument étrange – le satongé – qu’il a conçu lui-même, le jeune Roger se prend, pendant un instant, pour Jimi Hendrix. Quelques semaines auparavant, les membres du groupe jouaient encore dans les rues de Kinshasa avec pour seul public les enfants des rues et les résidents du centre d’hébergement pour handicapés. Atteints par la polio dans leur enfance, la plupart des musiciens n’ont plus l’usage de leurs jambes. « Je suis né fort, mais la polio m’a eu. Sacrées béquilles, quelle galère ! » ; « Ne te moque pas de moi parce que je suis un éclopé »… Avec leur musique à nulle autre pareille, ils parlent de leur vie, de leurs difficultés et de leurs espoirs. Au début du documentaire, en 2004, Coco Yukala, chanteur et guitariste de l’orchestre, annonce : « Un jour, nous serons les handicapés les plus connus d’Afrique. » Ce rêve est en passe de se concrétiser, grâce à la rencontre des musiciens avec deux Français, Renaud Barret et Florent de la Tullaye, venus en République démocratique du Congo pour réaliser un documentaire sur les musiques traditionnelles. Ils sont devenus leurs producteurs et ont décidé de tourner leur histoire. Pendant cinq ans, nous suivons l’aventure des cinq paraplégiques et de trois enfants des rues, depuis les premiers enregistrements de l’album Très très fort dans la « cour des miracles » d’une des villes les plus meurtries d’Afrique jusqu’à une tournée des festivals européens. Avec pour Roger, que l’on voit grandir à l’écran, un enjeu d’autant plus important qu’à son départ sa mère lui assène : « Si tu échoues en Europe, toute notre famille sera méprisée. » Benda Bilili n’est pas un documentaire musical, c’est un film sur des outsiders qui défient le système.
Culture
Eclopés dans les étoiles
Article réservé aux abonnés
Benda Bilili – Renaud Barret et Florent de la Tullaye – 1h24 – En salles mercredi 8 septembre