Comme l’on pouvait s’y attendre, même en temps de crise, l’insertion des travailleurs sociaux dans le monde du travail est plus rapide que celle des autres diplômés. Leur situation professionnelle se stabilise assez vite, puisque trois ans après avoir terminé leurs études, 70 % sont en contrat à durée indéterminée (CDI). Telle est l’analyse de la direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) (1), à partir des résultats de l’enquête « Génération 2004 » du Centre d’études et de recherches sur les qualifications (CEREQ). L’étude porte donc sur les débuts de carrière des travailleurs sociaux sortis du système éducatif en 2004 et les compare à ceux des autres diplômés.
Elle distingue les sortants de formation sociale de niveau IV (moniteurs-éducateurs [2]) et de niveau III (assistants de service social, éducateurs spécialisés, éducateurs de jeunes enfants et conseillers en économie sociale et familiale). Le parallèle met en évidence l’importance des diplômes dans le champ social : les travailleurs sociaux de niveau III sont en effet avantagés, puisque leur insertion sociale est plus rapide et qu’ils atteignent plus facilement la stabilité que les niveaux IV. Ce n’est pas nouveau, les professions sociales sont très féminisées, et le trait est encore plus marqué pour les travailleurs sociaux de niveau III. Dans leurs rangs, on compte 9 femmes sur 10 ; elles sont même 99 % au poste de conseiller en économie sociale et familiale. Elles représentent « seulement » 75 % des travailleurs sociaux de niveau IV. Il apparaît également que les diplômés du social sont généralement plus âgés à leur sortie des études que ceux des professions non sociales de même niveau. En effet, 45 % des étudiants suivant une formation sociale ont repris leurs études après une interruption d’au moins un an (hors raison de santé), et se sont donc reconvertis.
Premier point saillant de l’étude, l’insertion professionnelle est meilleure pour les diplômés du social que pour les autres, puisque les travailleurs sociaux de niveau III mettent environ deux mois à accéder à leur premier emploi (un mois de moins que les autres). Pour les moniteurséducateurs, c’est un peu plus long : ils trouvent leur premier travail au bout de deux mois et demi. Par rapport aux formations hors champ social, le premier contrat des diplômés des professions sociales dure souvent plus longtemps : il se poursuit pendant au moins deux ans pour 45 % d’entre eux (contre 37 %). Et 28 % des travailleurs sociaux de niveau III (24 % pour ceux de niveaux IV) parviennent directement au CDI, sans même passer par la case CDD.
Les professionnels du social stabilisent donc plus rapidement leur situation professionnelle que les autres et ils sont rarement au chômage en début de carrière. La période sans emploi pour les travailleurs sociaux de niveau III est très courte les trois premières années (7 % du temps contre 12 % pour les autres diplômés). Qui plus est, la stabilité de leur situation professionnelle s’améliore avec le temps puisque les CDD de courte durée diminuent progressivement pour laisser la place à des emplois longs.
En début de carrière, les salaires sont un peu plus élevés dans le champ social qu’ailleurs. Et s’agissant de la rémunération, cette fois, le niveau du diplôme compte peu. Lors de la première embauche, pour les niveaux III, le salaire mensuel médian (temps plein) s’établit autour de 1 300 € (contre 1 200 € pour les diplômés hors champ social). Pour les moniteurs-éducateurs, il est légèrement inférieur : 1 250 € (contre 1 100 € pour les autres professions de niveau baccalauréat). Néanmoins, au cours des trois premières années d’activité, les travailleurs sociaux connaissent une progression salariale plus faible que les autres professions. Leur rémunération médiane augmente de seulement 1 % entre le premier salaire (pour un poste à temps plein) et celui perçu au bout de la troisième année d’activité, alors que cette progression est de près de 5 % dans les formations non sociales.
Pour autant, les jeunes diplômés des professions sociales sont davantage satisfaits de leur rémunération en début de carrière que les autres. 42 % des travailleurs sociaux pensent que leur salaire est « normal », 19 % estiment être plutôt bien payés, et même 2 % considèrent qu’ils sont très bien payés (contre respectivement 36 %, 15 % et 1 %). Par ailleurs, huit professionnels sur dix estiment exercer un métier correspondant à leur qualification. Un bémol, néanmoins, à cette apparente satisfaction : 22 % des travailleurs sociaux en début de carrière indiquent avoir envie de changer d’emploi, soit deux fois plus que les autres diplômés.
(1) « Les débuts de carrière des diplômés des professions sociales » – Etudes et résultats n° 734 – Juillet 2010 – Disponible sur
(2) L’étude ne mentionne pas les TISF (techniciens de l’intervention sociale et familiale), pourtant de niveau IV.