Parce que les petits humains ne grandissent pas en vase clos, leur développement n’est pas uniquement fonction de leur « équipement » personnel (génétique, neurologique, biologique, psychologique, cognitif). Il se joue à l’interface de ces données endogènes et de facteurs extérieurs au sujet : son environnement écologique, alimentaire et, surtout, relationnel. Impossible, donc, de prédire l’avenir d’un enfant, tant celui-ci est « lié aux effets de rencontres que l’on ne peut pas – fort heureusement – prévoir », souligne Bernard Golse, professeur de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent et psychanalyste. Partant de cette « quasi-évidence », fil directeur d’un ouvrage constitué de courtes séquences thématiques, le praticien évoque notamment le style interactif, toujours spécifique, qui s’instaure entre un bébé et le ou les adultes qui prennent soin de lui. Chaque partenaire de la dyade va, à sa manière, raconter à l’autre quelque chose de son histoire précoce, explique l’auteur : l’adulte raconte au tout-petit « le bébé qu’il a lui-même été, cru être ou redouté d’être », tandis que le bébé raconte à l’adulte ses premières expériences relationnelles. A partir de ces deux histoires, une troisième se coécrit à mesure qu’elle se fait et se dit, qui laisse « du champ pour du nouveau, pour du possible, pour du non-déjà-advenu ». Au fil des différentes rencontres qui l’émaillent, le développement d’un enfant peut ainsi avoir « des destins qui demeurent indéfiniment ouverts ». Ce dont témoigne, par exemple, la force de résilience, le plus souvent constatée dans l’après-coup, qui permet à certains enfants de surmonter des événements fragilisants.
Culture
L’enfance, champ du possible
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Les destins du développement chez l’enfant. Avenirs d’enfance – Bernard Golse – Ed. érès – 25 €