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Les professionnels des crèches à la loupe

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La fonction éducative occupe une place modeste, bien souvent tributaire du temps laissé par les autres activités, souligne, dans sa dernière étude, la DREES. Elle fait aussi état de la pénibilité des métiers dans les structures d’accueil des jeunes enfants.

Directrice, intervenante auprès des enfants, éducatrice de jeunes enfants (EJE) : ce sont les trois fonctions identifiées au sein des crèches dans une étude de la direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) (1). Cette enquête qualitative a été réalisée sur la base d’entretiens avec des salariés de structures d’accueil et des responsables du service « petite enfance » des municipalités concernées (2).

Des tâches peu différenciées

Les auteurs distinguent « deux manières assez différentes d’envisager la direction d’une crèche, liées principalement à la taille de la structure et au mode d’organisation mis en place : la directrice collègue (petite crèche) et la directrice gestionnaire (grande crèche) ». Quant aux intervenantes auprès des enfants (assistante petite enfance, agent de crèche, auxiliaire de puériculture), elles ont « un travail quotidien ritualisé, dense, mais inégalement réparti au cours de la journée ». Si leurs qualifications sont différentes, avec d’un côté les auxiliaires de puériculture et de l’autre les titulaires d’un CAP petite enfance ou d’un BEP carrières sanitaires et sociales, on ne constate pas une délimitation claire des attributions entre elles. Toutes assurent globalement les mêmes tâches : préparation des locaux pour les activités, accueil des parents, soins courants d’hygiène, surveillance des enfants pendant les temps libres, organisation d’activités collectives, gestion des repas, rangement et nettoyage des espaces. Les auteurs soulignent cependant qu’une « hiérarchie symbolique est assez universellement présente » entre les auxiliaires de puériculture et les autres, leur différence de salaire fonctionnant « comme un signal légitimant cette distinction ».

Les éducatrices de jeunes enfants assurent pour leur part une fonction d’« entre-deux professionnel inconfortable ». Chargées de proposer des activités d’éveil, de concevoir les espaces de jeux et de mettre en question les pratiques professionnelles, leur approche psycho­pédagogique est très différente de celle des puéricultrices et des auxiliaires de puériculture, centrée, elle, sur les aspects médicaux et sanitaires. D’où parfois une certaine frustration des EJE lorsqu’elles sont amenées à effectuer le même travail que les auxiliaires, même si on leur accorde « des compétences d’observation et d’analyse » et qu’elles deviennent « un référent sur lequel on peut s’appuyer ». Par ailleurs, les situations dans lesquelles elles sont supposées assurer une fonction d’encadrement « ne semblent en réalité pas tenables ». En effet, « seule la position de directrice ou d’adjointe permet de clarifier et d’asseoir ce rôle », précisent les auteurs, ajoutant aussitôt que le poste de directrice adjointe (obligatoire pour les établissements de plus de 60 places) a « une fonction et des compétences mal définies ».

De manière générale, les métiers de la petite enfance « offrent peu de perspectives d’évolutions professionnelles ». Les qualifications de niveau BEP ou CAP sont en particulier très peu valorisées, à tel point qu’on désigne leurs titulaires par le terme « non diplômées ». Seule la validation des acquis de l’expérience (VAE) peut constituer une « petite passerelle » vers le métier d’auxiliaire de puériculture, mais le « jeu de la réglementation encadrant les crèches limite la promotion professionnelle ». Il est inenvisageable par exemple pour une auxiliaire, quelle que soit son expérience, d’accéder à une fonction de direction et cela apparaît également difficile pour une EJE.

Concernant les conditions d’exercice dans les crèches, les professionnelles témoignent de la pénibilité d’un métier « nerveusement dur ». Elles ne font pas état, dans leurs propos, de souffrance au travail ou de mal-être, précisent toutefois les auteurs, qui avancent une explication : « La maîtrise des gestes professionnels, induisant des rituels quotidiens et une intervention hiérarchique faible, ainsi qu’une forte solidarité de corps semblent, dans une large mesure, prévenir l’apparition de situations de souffrance au travail ».

Mode de garde ou d’accueil ?

L’étude relève, par ailleurs, « un écart entre le discours et les pratiques » : si la mission éducative des crèches et la place des activités dans l’épanouissement et le développement de l’autonomie des enfants sont valorisées dans les discours des intervenants et des responsables interrogés, cette dimension apparaît moins nettement dans l’observation des pratiques. « Les activités éducatives sont menées quand le nombre de professionnelles présentes est suffisant et permet la séparation des sections en groupes d’activités », relèvent les auteurs, en précisant qu’il s’agit plus souvent d’une « variable d’ajustement », en fonction du temps laissé par les activités de base (accueil, repas, sieste…). Il n’en reste pas moins que « dans leurs actes quotidiens, les auxiliaires [intègrent], dans leur fonction même ou bien sur des temps consacrés à l’animation, une partie éducative ». Enfin, l’étude note que les professionnelles interrogées utilisent plus souvent l’expression « mode de garde » que « mode d’accueil ». Elles aimeraient ainsi accueillir les enfants et les parents dans de meilleures conditions, mais en raison des moyens dont elles disposent, elles « essaient pour l’instant d’assurer une garde la plus intelligente possible, c’est-à-dire la plus orientée possible vers l’accompagnement, l’épanouissement des enfants et donnant toutes les garanties de sécurité de la prise en charge ».

Notes

(1) « Les modes d’organisations des crèches collectives et les métiers de la petite enfance » – Etudes et résultats n° 732 – Juillet 2010 – Disponible sur www.sante-sports.gouv.fr.

(2) L’enquête a porté sur 15 structures d’accueil collectif de statut différent (crèches municipales, crèches associatives et crèches d’entreprise) dans des communes de taille variée.

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