Quatre millions de personnes, soit 9 % de la population française, vivent en « situation d’isolement objectif ». C’est le principal enseignement de l’étude Les solitudes en France en 2010, publiée par la Fondation de France (1), qui révèle également que les « réseaux traditionnellement pourvoyeurs de sociabilité – famille, travail, amis, monde associatif – s’affaiblissent ». Un Français sur dix ne dispose d’aucun réseau de ce type et est considéré « objectivement seul » tandis qu’un sur quatre n’a accès qu’à un seul d’entre eux, se trouvant en situation d’exclusion potentielle « sans en avoir conscience ». Les ruptures qui se produisent au sein de la famille sont le plus souvent citées comme étant à l’origine de l’isolement, la cellule familiale restant le « bastion de protection contre la solitude », juste avant le voisinage.
Autre constat : la solitude est un phénomène plus précoce que l’idée répandue. Elle concerne en effet 9 % des 40-49 ans et, parmi les 4 millions de personnes seules, les moins de 60 ans (51 %) sont celles qui « souffrent le plus de cette situation ». Et, à l’ère de Facebook, les réseaux sociaux virtuels, qui « restent l’apanage des personnes disposant d’un capital social important », ne compensent pas le manque de réseaux physiques. L’âge demeure cependant un facteur d’isolement important puisque les catégories les plus touchées sont les 60-74 ans (15 %) et les 75 ans et plus (16 %). Le handicap est cité dans 9 % des cas comme la source des situations d’isolement.
Sans surprise, la situation économique constitue également un facteur discriminant : si l’isolement touche toutes les catégories socioprofessionnelles, les personnes dont le revenu est inférieur à 1 000 € par mois ont quatre fois plus de risques d’être en situation d’isolement que celles ayant des revenus supérieurs à 4 500 €.
L’étude montre enfin que les personnes isolées ont tendance à manifester un sentiment de culpabilité vis-à-vis de leur situation, évoquant leur incapacité à « intéresser » les autres. Elle met aussi en exergue l’enfermement dans l’isolement : 80 % des personnes concernées déclarent être seules depuis longtemps.
(1) Etude réalisée par l’institut TMO Régions auprès de 4006 Français âgés de 18 ans et plus entre le 5 et le 22 janvier 2010. Elle est accessible sur