Comme on pouvait s’y attendre, les réductions de dépenses annoncées par François Baroin, ministre du Budget (voir ce numéro, page 6), ont suscité de vives réactions. Premières à dénoncer ces coupes claires, les associations représentant les personnes handicapées, invalides et malades. Le ministre a en effet annoncé que l’allocation aux adultes handicapés (AAH) sera bien augmentée de 25 %, mais en six ans au lieu de cinq. Elle sera ainsi revalorisée de 3 % l’an prochain au lieu de 4,5 % comme prévu, avec un rattrapage en 2012 et 2013. Les associations dénoncent le reniement des engagements du président de la République, maintes fois réitérés, vis-à-vis des personnes handicapées. « C’est particulièrement choquant », juge l’Unapei, qui précise que l’augmentation de 25 % sur cinq ans de l’AAH n’était qu’un simple rattrapage du pouvoir d’achat, ses bénéficiaires restant sous le seuil de pauvreté. « Ils ont osé ! », s’exclame la Fédération des APAJH, qui rappelle avoir déclaré en mai dernier qu’« il serait indécent, honteux de toucher à l’allocation aux adultes handicapés ». Comment, dans ces conditions, « croire à des promesses d’augmentation au-delà de 2012, terme du quinquennat ? », s’interroge l’Unapei. « Une fois de plus on taxe les personnes les plus fragilisées, celles qui vivent sous le seuil de pauvreté et qui sont déjà affaiblies par les franchises médicales, la hausse du forfait hospitalier ou la hausse du coût de la vie », s’agace l’APF (Association des paralysés de France). « C’est une injustice sociale inacceptable », affirme la FNATH (Association des accidentés de la vie), qui rappelle que les indemnités journalières des victimes du travail ont été fiscalisées. « Qu’arrivera-t-il demain ? La fin du régime des affections de longue durée ? La fin du droit à la santé pour tous ? », s’interroge, de son côté, le collectif Chroniques associés, qui regroupe huit associations de personnes touchées par une maladie chronique (1).
L’autre mesure fortement critiquée concerne la suppression par le gouvernement de la possibilité donnée aux étudiants et à leurs parents de cumuler l’aide personnalisée au logement et la demi-part fiscale pour enfant à charge. C’est « une décision brutale et injuste », s’indigne l’UNEF, qui craint un accroissement de la précarité des étudiants, certains d’entre eux pouvant renoncer à leurs études par manque de moyens financiers. « C’est pendant les études supérieures qu’un enfant est le plus coûteux pour sa famille », souligne l’UNAF (Union nationale des associations familiales), qui dénonce une mesure qui va rendre les études encore plus onéreuses, notamment pour les classes moyennes.
Quant à l’USH (Union sociale pour l’habitat), elle s’insurge contre « le hold-up sur les moyens du logement social ». Le gouvernement envisage de prélever sur les organismes HLM 340 millions d’euros par an, prélèvement qui « viendrait se substituer pour ce montant aux financements de l’Etat pour le logement social », commente l’USH. « Cette mesure, qui s’ajoute à la diminution régulière des aides à la pierre depuis plusieurs années, annoncerait la fin de ces aides et le désengagement total de l’Etat de la construction et de la réhabilitation du logement social. » Selon la Confédération syndicale des familles, les fonds en faveur de la construction du logement social vont ainsi chuter de 74 % entre 2010 et 2011 « alors qu’ils étaient déjà descendus à un niveau historiquement bas cette année ».
Enfin, la remise en cause partielle des aides pour l’emploi d’un salarié à domicile fait réagir l’UNAF. « De nombreuses familles sont obligées de recourir à une garde d’enfant à domicile faute d’autres modes de garde disponibles », souligne-t-elle, estimant que cette mesure contredit l’objectif d’aider les familles à concilier vie familiale et professionnelle.
(1) Dont AIDES, l’Association française des diabétiques et l’Association française des hémophiles.