SIAO : la FNARS conteste le choix technique de la DGCS

Les services intégrés d’accueil et d’orientation (SIAO), pièces maîtresses de la refondation du dispositif d’accueil et d’hébergement des sans-abri et mal-logés, seront-ils, comme prévu, opérationnels mi-septembre ? En plus de toutes les difficultés déjà dénoncées – manque de pilotage national, défaut de concertation dans certains territoires et incertitudes sur le financement –, la FNARS (Fédération nationale des associations d’accueil et de réinsertion sociale) s’inquiète, dans un texte diffusé lors de son assemblée générale du 18 juin, du choix technique de la direction générale de la cohésion sociale (DGCS). Car pour fonctionner, les SIAO requièrent une évolution des pratiques des associations, qui devront travailler en partenariat, mais aussi un outil informatique permettant de recenser les demandes, les prises en charge en cours et l’offre disponible. La question est loin d’être un détail, puisque sur ce support technique reposera la coordination des informations et l’organisation du parcours des personnes.

Pour la FNARS, l’extension du logiciel conçu à la demande de l’Observatoire national du 115 (1) était en toute la logique la solution idoine : « Il ne nécessitait pas de gros développements informatiques supplémentaires », pouvait « s’adapter facilement aux missions du SIAO », être « opérationnel dans les délais (avant l’hiver) » et s’avérait la solution la moins coûteuse. D’autant que cet outil, défend-elle, équipe déjà une cinquantaine de gestionnaires du 115, « parmi lesquels – bien évidemment – une grande majorité sont candidats pour porter le SIAO dans leur département ».

Or l’administration a pris la décision « incompréhensible » de recourir à un autre outil, déplore la FNARS. Alors qu’à la DGCS, on justifie que l’Etat, « tenu par le code des marchés publics, a choisi un prestataire sur appel d’offres pour avoir un outil opérationnel le 15 septembre », l’association craint la mise en œuvre d’un outil « insuffisant » pour les professionnels et difficilement prêt à temps. Les SIAO « devront désormais attendre 2012 avant d’être équipés d’un logiciel performant », estime-t-elle. C’est en effet dans deux ans que l’administration prévoit de doter tout le secteur « accueil, hébergement, insertion » d’un système d’information unique, censé remplacer tous les systèmes existants. Autre grief : ce choix d’un autre outil pour les SIAO, « dispendieux » en période de restriction budgétaire, conduit à « la coexistence de plusieurs outils dispersés », d’autres logiciels étant par ailleurs développés au niveau local.

Au-delà, la FNARS craint la mise en péril de la démarche entreprise pour constituer un outil « visant exclusivement à l’har­monisation du recueil de données et à l’existence d’une observation sociale nationale ». Alors que l’Observatoire national du 115 devait publier son premier rapport début 2011, l’incertitude qui pèse sur le déploiement des équipements à venir risque de ralentir son travail. « Désormais et dans le meilleur des cas, il faudra encore attendre trois ans avant d’espérer un tel résultat », indique la FNARS. Pour elle, la DGCS « ne prend pas en compte l’implication, depuis plusieurs années, des gestionnaires du 115, comme de ses propres services déconcentrés, pour contribuer au développement d’un outil adapté à leurs besoins. Dans cette ignorance proche du mépris, elle balaye d’un même revers de main la caution apportée à tout ce travail par le conseil scientifique de l’Observatoire national du 115, au sein duquel, ironie suprême, siège un de ses représentants. » Le 3 juillet, le bureau de l’association envisageait de se pencher sur les conséquences de cette décision dans son réseau et sur les réponses à apporter aux opérateurs.