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Le Crédoc met en lumière l’inquiétude des organismes sociaux face à la montée de la précarité

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Le Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (Crédoc) a réalisé une enquête auprès des organismes sociaux sur les nouveaux phénomènes de pauvreté et de précarité (1). Il a interrogé des professionnels et des bénévoles travaillant au sein de trois grands types d’organismes : ceux s’occupant de la lutte contre la grande pauvreté, ceux spécialisés dans l’insertion sociale et professionnelle (2), et enfin ceux intervenant auprès de publics divers, non ciblés sur les personnes en difficulté (centres locaux d’information et de coordination, centres de protection maternelle et infantile, caisses d’allocations familiales…).

Premier enseignement : dans les deux premières catégories d’organismes interrogés, beaucoup mentionnent « une augmentation du nombre de personnes ayant recours à leurs services et une évolution des difficultés ». Des tendances devant lesquelles certains se sentent démunis : 57 % des personnes interrogées dans le champ de l’insertion sociale et professionnelle « s’estiment mal ou très mal armées pour les prendre en compte », une proportion qui est de 51 % au sein des organismes de lutte contre la grande pauvreté.

L’analyse des réponses fait apparaître cinq catégories d’individus particulièrement fragilisés : les personnes aux ressources financières insuffisantes qui ne parviennent plus à payer les dépenses essentielles (23 %), les actifs en difficulté sur le marché de l’emploi (20 %), les jeunes en rupture avec leur milieu familial (18 %), les personnes ayant des problèmes de santé physique ou psychologique (15 %), et les migrants en difficulté d’intégration (12 %). Le Crédoc a par ailleurs interrogé les organismes sur les thèmes qui devraient selon eux être traités en priorité par les acteurs publics. Sont cités en priorité : les jeunes, les personnes âgées, et les problèmes de logement.

Les jeunes vulnérables

Les jeunes tout d’abord, depuis longtemps identifiés comme un public très vulnérable, constituent selon certains témoignages « la variable d’ajustement » du marché de l’emploi. « Des actions sont nécessaires pour prévenir une dégradation irrécupérable », prévient ainsi le Crédoc, avant de souligner qu’en « restreignant le nombre de contrats précaires ou peu qualifiés, la crise économique freine l’accès à ce qui constituait souvent la première marche avant une insertion professionnelle durable ». L’enquête révèle également la « vulnérabilité croissante » des jeunes diplômés, notamment des « personnes qui ont accédé à un premier emploi qualifié, à un niveau de vie relativement élevé et à des crédits. La perte de cet emploi, à un moment du cycle de vie où l’épargne n’est pas constituée, est à l’origine de situations parfois très difficiles. »

Autre public prioritaire : les personnes âgées, qui sont de plus en plus nombreuses à s’adresser aux organismes de lutte contre la grande pauvreté, alors qu’auparavant ces derniers avaient peu affaire à cette catégorie de la population. « En plus de l’isolement, la faiblesse des ressources, le coût des soins, les difficultés financières des enfants qui ne peuvent plus aider leurs parents vieillissants, sont autant d’éléments générant une précarité peu visible, souligne le Crédoc. En réponse à ces difficultés, certains retraités recherchent un emploi pour compléter leurs ressources. »

La problématique du logement apparaît également de façon prégnante dans les observations rapportées par les organismes sociaux. « Il s’agit d’abord de celle, bien repérée, des personnes sans domicile fixe, rappelle l’enquête. Il s’agit ensuite de la hausse des charges et de la crainte de perdre son logement, […] évoquée pour presque toutes les catégories de ménages […]. Quand une baisse des ressources s’ajoute à l’augmentation des charges, ces ménages choisissent de se restreindre fortement sur les autres postes de dépenses plutôt que de quitter leur logement. »

Les professionnels inquiets

Si les difficultés liées au logement sont celles qui exposent le plus à la précarité, ce ne sont pas les seules : près d’un organisme interrogé sur dix signale l’impact psychologique de la crise économique qui augmente « les risques de basculement dans une précarité durable ». L’enquête du Crédoc met également en exergue l’inquiétude des professionnels « de voir arriver des demandes d’aides de la part de personnes qui, jusqu’à présent, restaient autonomes financièrement ou parvenaient à s’appuyer sur des réseaux de solidarité, notamment familiaux ».

Notes

(1) « Les jeunes, les personnes âgées et les difficultés de logement : trois priorités pour l’action sociale » – Consommation et modes de vie n° 230 – Juin 2010 – Disponible sur www.credoc.fr, rubrique « Publications ».

(2) Ces deux catégories regroupent à la fois des associations, des services sociaux, des institutions, etc.

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