« Nous menons un véritable combat pour que les personnes en situation de handicap cessent d’être considérées comme de sous-citoyens », martèle Jean-Louis Garcia, président de la Fédération des associations pour adultes et jeunes handicapés (APAJH), qui a tenu son 34e congrès à Saint-Brieuc le 24 juin.
Son « coup de gueule » concerne, en premier lieu, l’allocation aux adultes handicapés (AAH), qui « est 200 € au-dessous du seuil de pauvreté ! ». L’APAJH propose la création d’un « revenu universel d’existence » inconditionnel, ouvert aux allocataires des minima sociaux. Ce revenu unique résulterait de la fusion des neuf prestations concernées et serait déconnecté de toute notion de retour à l’emploi afin de « ne pas stigmatiser les personnes dans l’incapacité d’exercer une activité salariée ». La fédération suggère que ce revenu soit financé par la mise en place d’une TVA sociale. Equivalent au SMIC brut, il donnerait la possibilité aux personnes handicapées de contribuer à l’impôt sur le revenu. Ce projet permettrait donc, selon la fédération, de « rationaliser le modèle social français et d’assurer une redistribution juste et compréhensible par tous les citoyens ». Un revenu minimum d’existence est également réclamé, depuis 2008, par le mouvement « Ni pauvre ni soumis » pour les personnes handicapées ou atteintes d’une maladie invalidante (1). L’APAJH avait soutenu la démarche avant de s’en détacher par « crainte du communautarisme ». Optant pour un « mode opératoire » différent, les membres de la fédération iront rencontrer les parlementaires, « un à un », d’ici à la fin de l’année pour leur présenter ce projet de revenu universel.
L’APAJH dénonce également les discriminations liées à l’accès aux soins. « Un enfant autiste a les plus grandes difficultés à être soigné par un dentiste ; une femme en chaise roulante ne peut pas consulter une gynécologue… », s’insurge son président. Les travaux menés pendant l’hiver par la fédération aux côtés du député (UMP) Jean-François Chossy viennent d’aboutir à une proposition de loi qui « devrait être inscrite à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale dans les prochaines semaines ». Elle comporte trois volets. Le premier concerne l’accès à la couverture maladie universelle (CMU). « A quelques euros près, les personnes handicapés touchant l’AAH en sont exclues ; il faut revoir ce seuil », explique Jean-Louis Garcia. Celui-ci a par ailleurs constaté que la majeure partie des professionnels de santé ne connaissent pas le handicap. L’APAJH demande donc la mise en place d’un module de formation à cette problématique. Enfin, pour que, là encore, tous les malades soient traités à égalité, elle réclame la création de dispositifs d’accueil spécifiques dans toutes les structures sanitaires, pour les personnes handicapées, leurs familles et leurs aidants.
Enfin, la fédération pointe une autre discrimination : une personne en situation de handicap mariée ou pacsée avec une personne valide qui travaille se voit automatiquement supprimer son AAH, alors qu’elle la conserve lorsqu’elle s’unit à une personne touchant également cette allocation. Pour Jean-Louis Garcia, « cette règle inadmissible et dangereuse, qui incite les personnes en situation de handicap à se “ghettoïser”, doit être remise en cause ».