Comment réagissez-vous à cette nouvelle hausse du prix du gaz ?
Il y a tout d’abord un manque de transparence sur la tarification du gaz.
On sait, en effet, que celle-ci est indexée partiellement sur le prix du pétrole, lui-même variable en fonction de la parité dollar/euro. Mais nous n’avons aucune information précise sur la façon dont sont répercutées ces fluctuations sur le prix du gaz. La ministre de l’Economie, Christine Lagarde, a d’ailleurs demandé « une pause » jusqu’au 1er janvier 2011, le temps qu’un audit détermine si la formule tarifaire est « bonne ». Il faut ensuite avoir à l’esprit que le gaz reste malgré tout l’énergie la moins chère. Se chauffer à l’électricité ou au propane coûte le double. Maintenant, le problème est de savoir si les personnes modestes vont pouvoir continuer à se chauffer au gaz.
Combien de personnes sont en situation de précarité énergétique ?
On peut estimer à environ 3 à 4 millions les ménages touchés par la précarité énergique, c’est-à-dire qui consacrent au moins 10 % de leurs revenus à leurs dépenses d’énergie. Et encore ce chiffre ne prend pas en compte ceux qui, par manque de moyens, ne se chauffent plus depuis longtemps. Mais les problèmes de consommation d’énergie sont liés avant tout à la qualité thermique des bâtiments, les logements réservés aux ménages modestes étant très mal isolés.
L’Union sociale pour l’habitat s’est engagée à améliorer, d’ici à 2020, la performance énergétique de 800 000 logements sociaux (2)…
Le gaz de ville est la première des énergies utilisées dans les logements sociaux et donc sa hausse touche particulièrement leurs locataires. Pour l’instant, je n’ai guère vu d’opérations massives de rénovation chez les bailleurs sociaux. En outre, pour faire baisser fortement la facture d’énergie, il faut engager des travaux d’isolation de qualité. Ce qui implique à la fois des investissements conséquents et une volonté politique forte de l’Etat.
Dans le cadre du « Grenelle de l’environnement », un groupe de travail réunissant les associations concernées avait fait des propositions. Qu’en est-il ressorti ?
Valérie Létard, secrétaire d’Etat au développement durable, avait annoncé en janvier 2009, un plan de réhabilitation de 300 000 logements appartenant à des personnes âgées en milieu rural.
Ce programme, qui court jusqu’en 2017, est donc très ciblé. Dans notre groupe de travail, nous avions proposé l’instauration d’un « bouclier énergétique » : l’idée était que les personnes modestes puissent toucher une prime, sous la forme par exemple d’un chèque utilisable auprès d’un fournisseur d’énergie. Ce système d’aide aurait pu compléter les tarifs sociaux qui restent insuffisants ou s’y substituer.
Mais nous n’avons encore pas de réponse à cette proposition.
Quels sont les problèmes soulevés par les tarifs sociaux ?
Ils ont été institués sans aucune cohérence. Le tarif de première nécessité, créé pour l’électricité, est le même que l’on se chauffe ou pas avec cette énergie et il est plafonné à environ 70 € par an, ce qui correspond à la consommation d’un réfrigérateur. Quant au tarif spécial de solidarité, concernant le gaz, il s’applique au chauffage et correspond à une aide forfaitaire plafonnée à environ 120 € par an. Seuls les 40 % de Français qui se chauffent au gaz, l’énergie la moins chère, sont donc aidés.
Que demandez-vous ?
Nous demandons une politique de réhabilitation des logements les moins performants énergiquement et, pour que les personnes puissent payer leurs factures, un système d’aide juste et équilibré. Le gouvernement doit prendre le taureau par les cornes car il y a urgence. On sait, en effet, au vu du contexte mondial, que le prix des énergies va fortement augmenter dans les dix prochaines années. Si on tarde, les problèmes de précarité énergétique deviendront techniquement et humainement difficilement gérables.
(1) Qui regroupe depuis 2007 les organisations luttant contre la précarité énergétique –
(2) Dans le cadre d’une convention signée avec le ministère de l’Ecologie en février 2009.