Le projet de plan national de lutte contre le VIH/sida et les infections sexuellement transmissibles 2010-2014 est « incapable de répondre aux enjeux actuels ». Saisis par la direction générale de la santé, le Conseil national du sida et la conférence nationale de santé ont, le 28 juin, rendu public un avis conjoint très critique sur le projet de plan (1). Etant précisé que les deux instances se sont prononcées au regard d’un « document stratégique » ne comportant aucune indication sur de nombreux aspects décisifs du plan.
L’avis dresse un constat sévère. Ainsi, face à « une épidémie toujours dynamique, des retards au diagnostic et à la prise en charge persistants », le projet de plan est « timoré ». Il « ne se donne ni l’ambition, ni les moyens de faire régresser l’épidémie ». « Contre l’ensemble des avis d’experts, [il] n’engage pas la redéfinition radicale attendue de la politique de dépistage. » L’objectif prioritaire du plan devrait être de « faire régresser très significativement le nombre de nouvelles contaminations dans tous les groupes de population », plaident les deux instances. Elles appellent donc à un « changement d’échelle en matière de dépistage », c’est-à-dire à élargir la proposition de dépistage à l’ensemble de la population hors notion d’exposition à un risque de transmission du virus, comme l’a récemment préconisé la Haute Autorité de santé. A l’appui de cette recommandation, elles font valoir que, fin 2008, le nombre de personnes infectées ignorant leur statut sérologique était estimé à 50 000 (entre 30 et 40 % des personnes infectées) et qu’il tend à augmenter régulièrement. Elles soulignent également que la connaissance par les personnes infectées de leur statut sérologique favorise l’adoption de comportements de prévention et que « le traitement, en réduisant la quantité de virus dans le sang, réduit très puissamment le risque de transmission secondaire du virus ».
Autre impératif : mettre en cohérence l’ensemble des politiques publiques (sécurité, contrôle de l’immigration…) avec les impératifs de santé publique. Or leurs contradictions actuelles vont à l’encontre du travail de prévention, d’accès aux soins et de réduction des risques mené en direction des migrants et des populations identifiées comme vulnérables (personnes détenues, usagers de drogues, personnes prostituées). Pour les deux instances, le plan devrait promouvoir le droit effectif et universel à la santé, à une couverture sociale suffisante, à des conditions de vie et d’hébergement compatibles avec le soin, à l’ensemble des dispositifs existants de prévention…
Le Conseil national du sida et la conférence nationale de santé préconisent une « révision profonde du projet prenant en compte leurs observations et leurs recommandations ». Dans un communiqué du 28 juin, le ministère de la Santé affirme que leur avis « va bien entendu nourrir la phase finale d’élaboration du plan, qui sera annoncé dans les semaines qui viennent ».
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