Les lieux du délit

Depuis plusieurs années, le photographe Raphaël Dallaporta s’est penché sur l’activité du Comité contre l’esclavage moderne (CCEM) (1). Il en a tiré une exposition originale. Plutôt que de montrer les femmes victimes de ces situations (seuls 10 % des personnes suivies par l’association sont des hommes), il a tiré le portrait des résidences où elles ont souffert, privées de passeport, vouées aux tâches ménagères du matin au soir et tous les jours de la semaine, non rémunérées, hébergées dans des conditions inhumaines… Chic immeuble parisien, hôtel de luxe ou HLM de banlieue, il révèle ainsi que l’injustice réside à tous les niveaux sociaux. « Et aussi que cela se passe aujourd’hui en France, à côté de chez soi, ajoute Sophia Lakhdar, directrice du CCEM. J’ai déjà entendu des personnes reconnaître un immeuble et dire “J’allais là toutes les semaines, je ne pensais pas qu’une personne pouvait y être exploitée”. » Chaque panneau est composé d’un texte rédigé par la journaliste Ondine Millot qui résume les faits et de la photo de l’immeuble où les abus se sont déroulés. Ces clichés sont également téléchargeables (en format A3) sur le site Internet du photographe. « Ainsi, chacun peut se saisir de ce travail, l’afficher au mur, pour une exposition ou même dans la rue, cela se diffuse très bien », explique Raphaël Dallaporta. L’exposition est par ailleurs utilisée par le Comité lui-même dans ses activités. « C’est un travail que nous avons montré surtout auprès de publics jeunes, collégiens, lycéens, explique Sophia Lakhdar. C’est important pour nous d’avoir des supports visuels ou artistiques pour évoquer ce thème difficile qu’est l’esclavage moderne avec des jeunes. »