LES ÉDUCATEURS FACE À LA VIOLENCE. Un « savoir y faire » nourri d’un inébranlable engagement personnel et la foi du charbonnier dans l’éducabilité des jeunes qui leur sont confiés : tels sont les principaux ingrédients dont disposent les éducateurs spécialisés pour contenir et/ou déjouer la violence d’adolescents dont ils ont la charge dans les internats éducatifs. Cocktail de menaces verbales et d’agressions physiques, de destruction de biens ou d’objets et de manifestations d’autodestruction, cette violence est multiforme mais ses auteurs sont relativement peu nombreux. En Haute-Savoie, sur une période de dix ans (1994-2004), l’étude des rapports de synthèse adressés aux magistrats ordonnateurs de mesures de placement montre qu’un peu plus d’un enfant sur sept est concerné – des garçons dans les trois quarts des cas, majoritairement âgés de plus de 14 ans. Plus que la description des différentes figures de cette violence juvénile, c’est la manière dont les éducateurs la vivent et l’analysent qui fait le grand intérêt de l’ouvrage. A cet égard, les récits des professionnels avec lesquels l’auteur s’est entretenu en disent plus long que les écrits destinés aux juges. Qu’il s’agisse de bravades et d’injures, ou des agressions caractérisées dont ses interlocuteurs ont été l’objet – apparemment plus souvent que la lecture des rapports le laisserait penser –, « les conduites violentes malmènent toujours les éducateurs », souligne Yves Jeanne, maître de conférences en sciences de l’éducation après avoir lui-même travaillé plus de vingt ans auprès de jeunes accueillis en institution. Or, faute d’intelligence des situations et d’un outillage théorique ancré dans l’expérience pour penser leur action, tous les professionnels ne sont pas à même de continuer à faire œuvre d’éducation au cœur même du passage à l’acte violent.
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Dépasser la violence des adolescents difficiles. Le pari de l’éducation – Yves Jeanne – Ed. érès – 23 €