L’Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale (ONPES) présente la synthèse d’une étude commandée au Crédoc(1) dans le cadre de la mise en place d’un « système d’observation pérenne sur les phénomènes émergents » en matière de pauvreté. Son objectif : « Repérer suffisamment tôt d’éventuelles évolutions et permettre une meilleure réactivité de l’action publique ». En pleine crise économique, au printemps 2009, 1 000 intervenants de structures de lutte contre l’exclusion, d’insertion ou accueillant des publics divers ont été interrogés. Plutôt que l’arrivée de nouveaux publics, phénomène constaté avant la crise, ils décrivent une augmentation quantitative et une aggravation des situations déjà repérées.
Au-delà de « problématiques transversales », comme les difficultés rencontrées par les jeunes, les acteurs ont identifié cinq catégories de publics. Les deux premières rassemblent des personnes ne parvenant plus à boucler leurs fins de mois. Il s’agit d’une part de celles qui ne disposent plus de ressources financières suffisantes (23 % des réponses), en raison de la baisse de leurs revenus et de la hausse du coût de la vie. Les plus de 60 ans y sont fortement représentés. Les actifs en difficulté sur le marché de l’emploi (20 % des réponses), ayant majoritairement un faible niveau de formation – des travailleurs pauvres, des salariés en emploi précaire ou des personnes au chômage – se retrouvent aussi dans ce cas de figure.
Les trois autres catégories désignent des personnes souvent sans logement ou hébergées, dont l’espoir d’insertion s’amenuise avec la crise économique. Parmi elles : les personnes immigrées (12 % des réponses), arrivées récemment en France, confrontées le plus souvent à des difficultés pour obtenir une régularisation de leur situation. Les femmes y sont surreprésentées. Les jeunes en rupture familiale (18 % des réponses) sont aussi concernés. Fréquemment sans logement, ils peuvent être relativement proches de l’emploi mais n’y accèdent plus depuis la dégradation économique. Pour les intervenants, trois facteurs aggravent leur situation : « le délitement des solidarités familiales, la baisse des moyens des structures en amont de l’intervention des acteurs de la lutte contre l’exclusion [notamment l’Education nationale et l’aide sociale à l’enfance] et l’affaiblissement des possibilités d’insertion professionnelle ». Les associations s’inquiètent enfin de la situation des personnes connaissant des difficultés de santé physique – en situation de handicap, personnes âgées dépendantes – ou psychique (15 % des réponses). Elles aussi cumulent plusieurs difficultés pouvant les conduire à une grande précarité, dont l’isolement social et les obstacles à l’insertion professionnelle.
(1) La lettre de l’Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale n° 3 – Mai 2010 – Disponible sur