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Accueil du jeune enfant : les acteurs de terrain encore plus déçus que prévu

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Du mépris de la part du gouvernement. C’est ce que ressent Corinne Chaillan, présidente de la FNEJE (Fédération nationale des éducateurs de jeunes enfants), membre du collectif « Pas de bébés à la consigne ! », après la publication du décret relatif aux établissements et services d’accueil des enfants de moins de 6 ans (voir ce numéro, page 5). Le mouvement, qui réclamait depuis de longs mois une « véritable concertation », avait organisé cinq journées de manifestation – les 17 février, 11 mars, 8 avril, 6 et 29 mai – pour dénoncer un texte « dégradant la qualité d’accueil du jeune enfant ». En effet, celui-ci permet l’accueil des enfants en surnombre certains jours de la semaine et augmente la proportion des personnes moins qualifiées au sein des crèches. « Malgré la mobilisation des parents et des professionnels, le gouvernement sera donc passé en force », déplore Monique Vézinet, membre du collectif, présidente de l’Union des familles laïques.

« Le décret aggrave même les choses par rapport à ce que l’on attendait, avec la pérennisation des jardins d’éveil, qui n’ont pas été évalués », renchérit Christophe Harnois, responsable du syndicat UNSA-Petite enfance et porte-parole du collectif. « Le gouvernement a trompé l’opinion publique, les familles, les professionnels de la petite enfance et les instances consultées, en présentant comme dispositif expérimental des structures finalement inscrites dans le droit communet dans lesquelles le taux d’accueil est fixé à un adulte pour 12 enfants ! »

Philippe Dupuy, délégué national « Petite enfance et emploi » de l’Association des collectifs enfants-parents-professionnels, regrette enfin que « le décret ne favorise pas l’innovation ». En effet, l’article concernant les expérimentations (classes passerelles, lieux d’accueil itinérants…) a été retiré du texte – toujours sans concertation : « C’est une régression ! »

Même inquiétude de la part de l’Uniopss (Union nationale interfédérale des œuvres et organismes privés sanitaires et sociaux) : « Veut-on tuer la créativité des porteurs de projets ?, s’interroge Karine Métayer, responsable du pôle « enfance, jeunesse, famille ». Cela nous semble paradoxal par rapport à la volonté du gouvernement qui prônait la diversification des modes d’accueil et le “sur-mesure”. » Néanmoins, l’Uniopss salue les évolutions positives du décret par rapport au projet initial : les taux d’encadrement de 1 pour 5 et de 1 pour 8 sont maintenus et il n’est plus question de supprimer le projet social et le projet éducatif. « Enfin, les micro-crèches intègrent le droit commun et l’on s’en réjouit. »

Un autre avis positif : l’UNAF (Union nationale des associations familiales), qui soutient le décret depuis son passage devant le conseil d’administration de la caisse nationale des allocations familiales, se dit satisfaite, « au nom des familles qui n’ont pas de solution pour garder leur enfant ». Mais « ce n’est pas un soutien sans réserve car le décret ne suffira pas à répondre à tous les besoins », affirme-t-on à l’union.

« Pas de bébés à la consigne ! » n’entend pas baisser les bras. Le collectif va interpeller les élus locaux et les gestionnaires d’établissements pour qu’ils s’engagent à ne pas appliquer le décret. Egalement membre du collectif, Pierre Suesser, président du Syndicat national des médecins de protection maternelle et infantile, demande « l’ouverture de négociations, la remise à plat de toute la politique d’accueil, un plan d’urgence avec 10 000 places créées par an contre 3 000 prévues par ce gouvernement, qui organise la pénurie, puis la déqualification ». La mobilisation ne semble pas près de faiblir…

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