Lors d’un déplacement à Guyancourt (Yvelines), le 8 juin, la secrétaire d’Etat chargée des aînés a annoncé un certain nombre de mesures visant à insuffler une nouvel élan à la diffusion de la culture des soins palliatifs, telle qu’inscrite dans le programme 2008-2012 qui y est consacré (1).
Si mettre en place des services de soins palliatifs dans les établissements d’hébergement des personnes âgées dépendantes (EHPAD) est possible, « il reste encore de grandes disparités entre les départements », a déploré Nora Berra. Cette dernière, en collaboration avec la ministre de la Santé, entend donc continuer à « renforcer ou à créer des réseaux de santé dans les territoires qui en sont dépourvus ». A l’heure actuelle, a précisé le 8 juin à l’AFP Régis Aubry, président de l’Observatoire national de la fin de vie (2), « nous sommes à près de 100 unités de soins palliatifs avec un pôle de recours et de recherche. D’ici à la fin de l’année, il y en aura un dans chaque centre hospitalier universitaire et dans chaque région. » Ce qui représente une « amélioration assez considérable en la matière depuis une dizaine d’années, mais on partait de pas grand chose », a-t-il souligné.
En outre, pour que les équipes mobiles de soins palliatifs (350 aujourd’hui) – qui jouent un rôle important dans la diffusion de la culture des soins palliatifs dans le secteur médico-social en ce qu’elles forment les équipes professionnelles et diffusent les bonnes pratiques – interviennent dans de bonnes conditions, la secrétaire d’Etat va « très prochainement » envoyer aux agences régionales de santé (ARS) et aux établissements médico-sociaux une circulaire pour mieux organiser les relations entre les établissements de santé (les équipes mobiles donc) et les EHPAD. Une façon de « renforcer le décloisonnement entre le champ sanitaire et le champ social », l’un des objectifs majeurs de la création des ARS, a-t-elle rappelé. En outre, a souligné Nora Berra, d’après les premières conclusions d’une étude portant sur les pratiques de soins palliatifs en EHPAD (3), « la formation en soins palliatifs devra être accentuée sur les établissements de petite ou moyenne taille qui peuvent difficilement faire appel aux ressources internes ou qui ne les inscrivent pas toujours dans leur programme de formation ».
Afin d’organiser une meilleure prise en charge des malades, la secrétaire d’Etat mettra en place « à la rentrée prochaine » une formation aux soins palliatifs à destination chaque année d’environ 4 500 soignants de proximité afin qu’ils initient à leur tour les proches dans l’accompagnement (4). Toutefois, a-t-elle souligné, « il ne s’agit pas de substituer le soignant par l’aidant, mais au contraire de lui apporter la réassurance et la sécurisation dont il a besoin tout au long de l’accompagnement de son proche. » Cette formation visera aussi à « repérer les signes de souffrance et d’épuisement chez les aidants ». La caisse nationale de solidarité pour l’autonomie financera cette mesure à hauteur de deux millions d’euros par an.
En outre, le gouvernement expérimentera, à la fin de l’année 2010, trois maisons d’accompagnement ouvertes aux personnes relevant des soins palliatifs, qui ne peuvent pas ou ne souhaitent pas rester à leur domicile sans pour autant relever d’une hospitalisation, et qui, à l’heure actuelle, disposent de peu d’offres adaptées dans cette hypothèse. Trois millions d’euros (500 000 € par maison et par an) permettront d’assumer ce projet pendant deux ans (5).
La secrétaire d’Etat expérimentera aussi, dès la rentrée prochaine et pendant six mois, la présence d’une infirmière de nuit dans les EHPAD, d’astreinte ou exerçant sur place. Une comparaison sur l’ensemble du territoire sera ainsi faite entre les structures médico-sociales en disposant et celles n’en ayant pas. Une enveloppe de 500 000 € sera allouée à chaque ARS pour mettre en place cette astreinte (6). Cette mesure semble être de « bon sens » aux yeux du président de l’Observatoire national de la fin de vie, qui, toutefois, est conscient du contexte de contraintes financières dans lequel le gouvernement tente de développer l’organisation de la santé.
Par ailleurs, comme elle l’a déjà évoqué en avril dernier (7), Nora Berra veut mieux valoriser et soutenir les aidants, qui complètent l’action des personnels de santé. Elle a ainsi confirmé la tenue d’un colloque dédié aux aidants le 6 octobre prochain et l’instauration d’une « journée nationale des aidants ».
(3) Cette étude est réalisée dans les régions Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon.
(4) Le programme de développement des soins palliatifs 2008-2012 prévoit aussi la formation de 7 000 bénévoles, a rappelé Nora Berra.
(5) C’est l’assurance maladie qui financera cette expérimentation au titre de l’enveloppe nationale des crédits affectés au fonds d’intervention pour la qualité et la coordination des soins.
(6) Cette enveloppe figure dans la circulaire de campagne budgétaire 2010 des établissements médico-sociaux – Voir ce numéro, p. 7.