SLAM POSTHUME. Ugo s’est jeté par la fenêtre, du douzième étage de son immeuble, au petit matin. Les jeunes du quartier accourent. Sen, l’amoureuse aguicheuse. Ines, la jeune sœur éplorée. Jawad, le « poteau », sous son bonnet. Et Armand, le trouble-fête inopiné. Ugo est mort. Mais, sur scène, il s’exprime encore, en alexandrins. « Je suis un mec niqué, j’sais pas communiquer. » Une heure vingt de rimes et de slam, rondement menés par cette troupe de jeunes comédiens, la compagnie DraMad. Depuis 2006, ils créent des spectacles « inspirés de problématiques modernes », dans « un présent décalé et bétonné ». En 2009, ils ont présenté Ugo, de Raymond Dikoumé, au festival off d’Avignon. Et désormais, c’est sur la scène de la Reine-Blanche, dans le XVIIIe arrondissement de Paris, que les huit personnages traînent leurs baskets et leurs doutes. Qui a tué Ugo ? Qui n’a pas su voir son désespoir ? L’amoureuse infidèle, la sœur un peu trop attachée ? Les couples émergent, l’intrigue se noue et rebondit. Classique tragédie, sur fond d’embrouilles des cités et de drogue – symbolisée par de la poudre blanche projetée en nuages par les comédiens. Le texte est beau, le rythme, soutenu. La mise en scène alterne entre créations et facilités, quand les acteurs peinent parfois à trouver un ton, des mouvements justes. Une pièce à voir pour son énergie, son originalité. Et parce qu’elle donne envie de déclamer.
Ugo – De Raymond Dikoumé – Les 9 et 16 juin, à 21 h, au Théâtre de la Reine-Blanche, 75018 Paris – 18 € et 13 € –