« Parler de contrôle à une assistante sociale provoque couramment des réactions épidermiques trahissant sans doute des émotions mal gérées », constate sans détour Claude Beley-Coursin. Elle-même n’a plus ces pudeurs de débutante : quarante années d’expérience en service social, notamment assorties d’une formation de psychanalyste, permettent à l’auteure de faire souffler un vent de réflexion revigorant sur les principes et la pratique de l’aide sociale professionnelle. Dépoussiérant mots et concepts, Claude Beley-Coursin analyse méthodiquement les préoccupations de contrôle social dans lesquelles s’enracine la relation d’aide – contrôle exercé, mais aussi subi –, ainsi que la logique d’un acte professionnel marqué par l’intention d’aider. Cette dernière doit tenir compte de « la résistance des matériaux », c’est-à-dire des obstacles à la production d’aide qui résultent de certaines conditions de travail et/ou peuvent être inhérents à l’aidant comme à l’aidé. Au carrefour de ce jeu de contraintes d’ordre sociopolitique, institutionnel et individuel, le chemin est loin d’être tout tracé. Mais, précisément, c’est cette incitation à penser par soi-même qui fait l’intérêt de l’ouvrage, comme elle constitue sans doute aussi le sel du métier. « En perfectionnant, affinant et affirmant leurs connaissances pour communiquer, argumenter leurs spécificités, recommande d’ailleurs l’auteure à ses consœurs, les professionnelles de l’aide pourront se dégager de la position d’exécutantes et influer sur les politiques sociales. »
Penser l’aide. De l’intention à l’acte – Claude Beley-Coursin – Ed. L’Harmattan – 16 €