Créée en 2002 pour faire face à la dépendance des personnes âgées, l’allocation personnalisée d’autonomie (APA) compte 1,1 million de bénéficiaires. Si ses conditions d’attribution sont transparentes et uniformes sur tout le territoire pour les usagers, le coût de l’allocation – actuel et futur – l’est moins pour les départements qui la distribuent. Dans une étude réalisée à partir de données statistiques, financières et démographiques auprès des 100 départements, le cabinet d’audit Ernst & Young apporte un éclairage sur leur situation face aux enjeux de la dépendance (1). Le document décline six « idées reçues ». La première est : « Plus le département est peuplé, plus son budget APA est important. » Cette affirmation n’est vérifiée que dans 17 départements. En revanche, elle est fausse pour les Hauts-de-Seine, le Val-de-Marne, les Yvelines et la Seine-et-Marne, qui comptent autour de 1,5 million d’habitants pour un budget APA proche de la moyenne nationale (44 millions d’euros).
La taille de la population est-elle corrélée au nombre de bénéficiaires ? Encore une « idée reçue » puisqu’elle n’est avérée que dans 14 départements. Une quinzaine se situant au-dessus des 700 000 habitants – dont la Seine-Saint-Denis et les Yvelines – compte moins de 18 000 bénéficiaires. Il n’existe pas non plus de lien entre le nombre d’habitants et le coût moyen par bénéficiaire. La Guadeloupe, la Réunion et la Guyane sont les départements où ce coût moyen est le plus élevé – compris entre 570 et 730 €. Or leur population est en dessous – ou à peine au-dessus pour la Réunion – du seuil de 700 000 habitants. Par ailleurs, l’Aude, la Seine-Saint-Denis, la Haute-Saône, l’Eure, la Creuse et la Vendée, dont la densité de population passe d’un extrême à l’autre, ont un coût moyen par bénéficiaire compris entre 480 et 570 €.
Autre « idée reçue » battue en brèche : le lien entre le taux de séniorité (2) d’un département et le taux de pénétration de l’APA (3). En effet, le Pas-de-Calais, la Savoie, l’Ariège, le Gers et la Creuse ont des taux de pénétration de cette allocation de l’ordre de 11,5 %. Or la part des personnes âgées de plus de 60 ans s’échelonne de 19,6 % à 32,6 %.
Le nombre de bénéficiaires a-t-il une incidence sur le coût moyen par personne ? Là encore, le cabinet répond par la négative. Par exemple, si la Haute-Saône, le Territoire de Belfort, les Landes, le Val-d’Oise, le Gard, la Seine-Maritime et le Pas-de-Calais ont un coût par bénéficiaire proche (environ 420 €), ils ont un nombre d’allocataires très différent : le Pas-de-Calais près de 35 000, le Territoire de Belfort tout juste 4 000.
Enfin, dernière croyance infondée : un indice de vieillissement élevé s’accompagnerait d’un fort taux de pénétration de l’APA. En effet, 30 départements ont des taux de pénétration de l’APA supérieurs à la moyenne, sans pour autant que cela s’explique par des indices de vieillissement particulièrement élevés. Enfin, neuf départements (dont les Bouches-du-Rhône, l’Eure-et-Loir, l’Isère…) ont des indices de vieillissement élevés, pour des taux de pénétration de l’APA parmi les plus faibles.
(1) Les départements face au risque de la dépendance – L’allocation personnalisée d’autonomie : vers une mesure prospective des risques démographiques et financiers – Ernst & Young – Consultable sur
(2) Nombre d’habitants de plus de 60 ans rapporté à la population totale.
(3) Nombre de bénéficiaires de l’APA rapporté à la population âgée de plus de 60 ans.