Comme chaque année à la Pentecôte, les voix s’élèvent concernant l’utilisation du produit de la journée de solidarité, soit un peu plus de 2 milliards d’euros en 2009, destinés à contribuer au développement qualitatif et quantitatif de l’offre de services auprès des personnes âgées et handicapées. Des crédits « en partie détournés », selon l’AD-PA (Association des directeurs au service des personnes âgées). « Une partie de notre budget s’évapore, ce n’est pas acceptable », affirme Pascal Champvert, son président, qui demande que ces dysfonctionnements cessent à l’heure où « 80 000 emplois sont en jeu ». L’AD-PA exige que l’argent, géré par la caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA), serve en priorité au fonds d’urgence pour l’aide à domicile, réclamé par l’ensemble des acteurs concernés, et permette également aux établissements et services de faire face à la hausse des salaires et des prix. Cette année, la polémique a été ravivée par la députée (PS) du Calvados, Laurence Dumont, qui préside la mission d’enquête sur l’utilisation de l’argent récolté par la journée de solidarité. Selon elle, « 150 millions d’euros ont servi à colmater le trou de la sécurité sociale en 2009 ». Dans une interview accordée au quotidien Le Parisien le 24 mai, l’élue indique que le gouvernement envisagerait de « créer une deuxième journée de solidarité » pour faire face aux besoins. Or « tout le monde sait qu’il faudrait plutôt créer un cinquième risque », estime-t-elle. « C’est le prochain grand chantier du gouvernement après les retraites », affirme-t-on au cabinet de Nora Berra, secrétaire d’Etat chargée des aînés. Celle-ci s’insurge contre les déclarations de Laurence Dumont, assurant qu’il est « impossible » d’utiliser les fruits de la journée de solidarité à d’autres fins que la prise en charge de la dépendance. Son cabinet confirme que sur les 2,2 milliards d’euros dégagés en 2009, 60 % ont été destinés aux personnes âgées – avec notamment 440 millions servant au financement de l’allocation personnalisée d’autonomie – et 40 % aux personnes handicapées – 570 millions d’euros sont allés au financement de la prestation de compensation du handicap. Quant aux 150 millions d’euros évoqués par Laurence Dumont, « il s’agit uniquement d’excédents budgétaires non consommés issus de la contribution de l’assurance maladie au budget de la CNSA et non pas issus de la journée de solidarité. Il était donc normal que ces excédents retournent à l’assurance maladie à l’issue de l’exercice budgétaire ».
Sur le terrain
Discordances sur les fonds récoltés lors de la journée de solidarité
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