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« ARTICULER LA RECHERCHE A LA FORMATION PROFESSIONNELLE »

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« Il faut sortir du clivage stérile entre la recherche académique et les savoirs professionnels », défend Marcel Jaeger, professeur titulaire de la chaire de travail social et d’intervention sociale du Conservatoire national des arts et métiers (CNAM) depuis le 1er mars dernier (1). Le master de recherche en travail social va dans cette direction ; il devrait être complété, à la rentrée, par deux masters professionnels.

Selon vous, peut-il exister une « recherche en travail social » comme le défendent certains ?

Cette question fait l’objet de débats, parfois très vifs (2). Certains estiment que la recherche, quel que soit son objet, ne peut être effectuée que par des chercheurs patentés. D’autres défendent l’idée d’une recherche non pas seulement « sur » mais « en » travail social, en jugeant que celui-ci peut être considéré comme une discipline à part entière, au même titre que les sciences de l’éducation. Il nous faut avancer dans cette voie qui est d’ailleurs suivie par de nombreux pays européens. La France ne pourra pas rester éternellement dans ce flottement et il faut sortir du clivage stérile entre la recherche académique et l’élaboration des savoirs professionnels. La chaire que je dirige va d’ailleurs dans le sens d’une reconnaissance de la légitimité des travailleurs sociaux à faire de la recherche.

Comment ?

Il existe un master de recherche « Travail social, action sociale et société » depuis mai 2002. Celui-ci a été créé pour aider les travailleurs sociaux à se préparer à devenir chercheurs ou chargés d’études dans le domaine de l’action sociale. En outre, la chaire tente d’articuler le monde de la recherche à celui de la formation professionnelle : elle contribue aux activités d’une unité mixte de recherche CNAM-CNRS, le laboratoire interdisciplinaire pour la sociologie économique (LISE), et elle a des liens importants avec l’appareil de formation comme le montre le séminaire commun organisé, depuis sept ans, avec le Groupement de coopération de recherches en action sociale et médico-sociale d’Ile-de-France (GRIF). Chacun a intérêt à contribuer à une nouvelle dynamique qui valorise les apports des travailleurs sociaux et les contributions des chercheurs en sciences humaines et favorise l’innovation.

L’intitulé de la chaire a changé puisqu’elle vise désormais le travail social et l’intervention sociale (3)

Avant mon arrivée au CNAM, il est apparu nécessaire de faire évoluer la terminologie de façon à prendre en compte l’élargissement du champ d’activité des travailleurs sociaux. C’est aussi dans cet esprit que le Conseil supérieur du travail social a mis l’accent sur deux grands axes : « l’intervention sociale d’aide à la personne » et « l’intervention sociale d’intérêt collectif ». Sous l’intitulé « intervention », la chaire s’adresse désormais aux professionnels du champ social chargés d’accompagner des publics souvent en grande difficulté, mais aussi à ceux exerçant à leurs frontières dans le champ de l’activité sociale et économique de droit commun et qui leur sont très proches. Cette nouvelle terminologie rend compte d’une approche dynamique des fonctions, qui va au-delà d’une définition statutaire et figée des professions.

Quelles sont vos priorités ?

Lorsque la chaire a été instituée en 2001, l’objectif était de créer une filière complète de formations supérieures en travail social allant jusqu’au doctorat. Aujourd’hui, à côté du master dédié à la recherche en travail social, elle propose une licence professionnelle « Intervention sociale ». Des projets ont été déposés au ministère de la Recherche pour y ajouter, dès la rentrée, deux masters professionnels : l’un spécialisé en « gestion et encadrement de l’action sociale », l’autre en « ingénierie sociale et innovation sociale ». Leur création répond au besoin de renouvellement des cadres dans le secteur. A la différence du Cafdes, ces masters proposent une formation à la recherche et peuvent être un point de passage vers le doctorat. Par ailleurs, la chaire doit être un lieu d’animation de la réflexion des professionnels. Je compte ouvrir une série de conférences où interviendront des doctorants et des chercheurs sur des sujets d’actualité : les pratiques professionnelles (4), l’exclusion en milieu rural, les coopérations entre le médico-social et le sanitaire…

Notes

(1) Il succède à Brigitte Bouquet, qui a été élue professeure émérite – Secrétariat de la chaire : Tél.0158808303 ou marcel.jaeger2@orange.fr.

(2) Comme le montrent les tribunes libres parues dans les ASH n° 2653 du 2-04-10, p. 27.

(3) Elle s’appelait auparavant « chaire de travail social ».

(4) La chaire organise le 17 juin une journée de présentation des derniers rapports du Conseil supérieur du travail social.

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