Les statistiques sur les violations des droits humains tirées des rapports annuels d’Amnesty International n’ont pas la force des images. C’est pourquoi l’ONG a demandé à cinq photographes engagés d’illustrer sa campagne « Exigeons la dignité », à travers des reportages présentant la pauvreté dans tous ses aspects : identité, santé, logement, sécurité, terre. Philippe Brault a immortalisé les oubliés du Caire ; Guillaume Herbaut, les violences de la région de la Montana, au Mexique ; Johann Rousselot, la guerre des terres dans l’Etat de l’Orissa, au centre-est de l’Inde ; Michaël Zumstein, les délogés de Lagos, au Nigeria ; et Jean-François Joly, les Roms de Macédoine. A travers ses clichés en noir et blanc, ce dernier illustre la discrimination dont les Roms sont victimes. Alors qu’ils composent près de 10 % de la population macédonienne, les pouvoirs publics refusent de leur octroyer le droit à la citoyenneté et de leur délivrer des documents indispensables à l’accès au logement, à l’emploi et à l’éducation. Amnesty International a laissé à Jean-François Joly, comme à ses confrères, une totale liberté dans l’approche de leur sujet et dans le choix éditorial, le tout étant d’interpeller à travers le quotidien et non pas un événement précis. Ici, les problématiques apparaissent par le prisme de l’image. « Il y a trop d’idées reçues sur la pauvreté, estime Geneviève Garrigos, présidente d’Amnesty International. Or celle-ci n’est pas qu’une question d’argent mais aussi de regard. » L’exposition « Dignité, droits humains et pauvreté » n’est pas faite pour choquer – même si les photographies sont parfois dures – mais pour interroger, susciter des débats et déboucher sur des actions concrètes. L’installation, à l’hôtel de ville de Paris, propose une double approche : dans une première salle, une lecture didactique de chaque reportage, avec texte introductif et photos légendées, incite à découvrir une histoire et un pays ; dans la seconde salle, les images en plus grand format composent un cercle, une mappemonde, se faisant écho les unes aux autres pour révéler leurs problématiques communes.
« Dignité, droits humains et pauvreté » - Jusqu’au 3 juillet, à l’hôtel de ville de Paris (du lundi au samedi, de 10 h à 19 h, accès libre) – Puis en tournée dans toute la France pendant deux ans –