En 1959, Jean-Marie Périer lance avec Daniel Filipacchi Salut les copains, une émission radiophonique destinée aux adolescents. Photographe, il immortalise ensuite les chanteurs « yé-yé », puis part aux Etats-Unis, où il réalise entre autres trois clips pour des campagnes de prévention contre l’usage de drogues. A 69 ans, un article lui donne envie d’écrire un livre, ou plutôt d’en confier l’écriture à une journaliste, Véronique Mougin. Ce sera un livre de témoignages d’adolescents homosexuels chassés de chez eux. Leur situation le révolte : aux Etats-Unis, entre 20 et 40 % des SDF seraient gays. Pour la France, il n’existe pas de chiffre.
Jean-Marie Périer est parti les rencontrer au Refuge, à Montpellier, une association fondée par Frédéric Gal et Nicolas Noguier, alors chargé de mission à la DDASS de l’Hérault (1). C’est en France la seule association qui assure, dans ses deux structures, un hébergement d’urgence et un suivi pluridisciplinaire aux jeunes homesexuels rejetés du domicile familial. En neuf témoignages de jeunes hommes de 18 à 20 ans, les auteurs dressent un portrait accablant : les familles qui refusent de parler, les menaces, l’incompréhension, le silence, jusqu’au départ, qui s’impose. Les propos rapportés sont vivants, choquants, intrigants. Une lecture utile à l’approche de la journée mondiale contre l’homophobie, le 17 mai. Mais distillés au compte-gouttes, les témoignages s’arrêtent quand la complexité affleure pour laisser la place aux commentaires de Jean-Marie Périer, à ses indignations, à ses réflexions, qui n’apportent pas grand-chose à la compréhension de ce rejet qui, pourtant, interpelle.