Lors du conseil des ministres du 21 avril, la ministre de la Santé et des Sports a présenté un plan d'actions national de lutte contre les accidents vasculaires cérébraux (AVC) 2010-2014, respectivement la troisième et la deuxième cause de mortalité chez les hommes et les femmes (soit 30 000 décès par an), et la première cause de handicap acquis chez l'adulte (225 000 personnes). L'objectif de Roselyne Bachelot est de « diminuer de 6 % (soit 24 000), d'ici à 2014, les décès ou la dépendance » qui y sont liés. Au menu, notamment, l'amélioration de la prévention et de l'information de la population depuis les signes d'alerte jusqu'à l'accompagnement du handicap, l'adaptation des prises en charge et une meilleure coordination du fonctionnement des hôpitaux et des structures médico-sociales. D'ailleurs, pour veiller à l'adéquation de l'offre de soins aux besoins de la population, un « coordonnateur AVC » sera désigné dans chaque agence régionale de santé (ARS) (1). La mise en oeuvre de ce plan bénéficie d'une dotation de 134 millions d'euros.
Le premier axe d'actions consiste à « améliorer la prévention et l'information de la population avant, pendant et après l'AVC ». Pour la ministre, la prévention repose, d'une part, sur la promotion des facteurs de protection pour l'ensemble de la population (alimentation équilibrée, pratique d'une activité sportive régulière...) et, d'autre part, sur le contrôle des facteurs de risque (hypertension artérielle, tabac, sédentarité...) chez les personnes concernées. Aussi le gouvernement entend-il diffuser d'ici à 2013 aux patients et à leurs aidants des documents d'information sur l'AVC et l'accompagnement du handicap. Il s'agira d'une brochure présentant les différents dispositifs médico-sociaux accompagnant les personnes atteintes de handicaps après un AVC (dispositifs d'accueil, d'information et d'évaluation, prestations...).
Autre axe d'actions : « mettre en oeuvre des filières de prise en charge et les systèmes d'information adaptés ». En pratique, a demandé Roselyne Bachelot, il faut « placer l'AVC comme priorité du projet régional de santé, la mettre en oeuvre à travers les schémas régionaux de prévention, d'organisation des soins (volets hospitaliers et ambulatoires) et d'organisation médico-sociale ». Les ARS devront donc non seulement mettre en oeuvre des actions d'information et de prévention, mais aussi « mailler les territoires en organisant des filières de prise en charge » de ces patients (2). Elles devront également s'attacher à « fluidifier le retour des patients au domicile ou en institution ». Pour ce faire, la ministre a proposé quelques pistes à explorer, telles que « mettre en place des capacités d'hospitalisation à domicile pour la rééducation et la réinsertion de patients AVC pris en charge sur leur lieu de vie par un personnel de rééducation, durant une période très brève (un à trois mois), pour consolider les acquis et poursuivre la rééducation ». Ou encore « développer des places pour accompagner les personnes tout au long de leur vie, y compris des places de services de soins infirmiers à domicile, de services d'accompagnement médico-social adultes handicapés et de services d'éducation spéciale et de soins à domicile, visant notamment à soutenir les familles ». Toujours dans ce cadre, le gouvernement souhaite améliorer la prise en compte dans les systèmes d'informations médico-sociaux des connaissances relatives aux caractéristiques des personnes handicapées à la suite d'un AVC, à la nature de leurs déficiences, à leurs besoins de compensation de la perte d'autonomie et aux réponses apportées à ces besoins. Des informations qui devraient, à terme, permettre de préciser les besoins en matière d'établissements et de services médico-sociaux. Dans le droit-fil de cette action, Roselyne Bachelot veut « faire évoluer les nomenclatures (3) pour permettre une meilleure description des prises en charge et des patients et former à leur utilisation ». Plus précisément, elle souhaite que soit réalisé d'ici à 2011 un « document de synthèse des scores d'évaluation de la dépendance et de la gravité des patients aux différentes phases de leur prise en charge ».
Au-delà, la ministre souhaite favoriser l'articulation entre les structures sanitaires, médico-sociales et sociales, et faciliter le retour précoce à domicile des patients déficitaires. Et, pour ce faire, par exemple, encourager la création de groupements de coopération sociale et médico-sociale pour la mise en place d'équipes mobiles de coordination et d'intervention pour la prise en charge des victimes. Ou encore développer des places d'accueil de jour et d'hébergement temporaire médicalisées pour dégager des périodes de répit pour les aidants familiaux.
(1) Sur le lancement des ARS, voir ASH n° 2654 du 9-04-10, p. 39 et n° 2655 du 16-04-10, p. 37.
(2) Chaque filière pourra se déployer sur un ou plusieurs territoires de santé en fonction de la population concernée, des particularités de la région et des temps de transport en son sein pour les urgences (30 minutes à titre indicatif) et pour le rapprochement du domicile.
(3) Il en existe en effet plusieurs, telles que la grille AGGIR (autonomie gérontologie groupes iso-ressources) ou le GEVA (guide de l'évaluation des besoins de compensation des personnes handicapées).