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Gens de l'ombre à la lumière

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A Paris, deux photographes ont accroché les portraits magnifiques et violents de personnes qui survivent - et parfois meurent - dans la rue.

Lili est morte dans la rue le 17 avril dernier. La jolie brune de 27 ans, aux yeux maquillés de khôl, a été retrouvée sous un pont de Marseille, victime de dénutrition et d'épilepsie. Mais surtout victime de la rue. Son visage restera immortalisé parmi les photographies de Sergio Stern et d'Anne Bouyer. L'inauguration de l'exposition « 2Hors-2Dans » a eu lieu le jour de son enterrement.

Dans cet accrochage hors norme - 60 photos sans cadre, scotchées sur des cartons déchirés et des mannequins en plastique, ou suspendues à un fil par des pinces à linge -, on croise le regard de sans-abri aux histoires multiples : vieux SDF, jeunes en errance, manouches, sans-papiers. Ces images d'une beauté rare, parfois violente, sont le fruit du travail de deux artistes eux-mêmes plus que précaires : Anne, jeune Avignonnaise de 22 ans, vit en roulotte ; l'Italien Sergio est hébergé à l'association CASA d'Avignon, où il s'occupe notamment de l'espace artistique. Mais Sergio est avant tout un véritable artiste : ancien photographe professionnel, il a été l'assistant de Helmut Newton, puis reporter de guerre. Dans une autre vie, il fut aussi éclairagiste, d'où lui vient sans doute son talent pour mettre en lumière ces hommes et ces femmes de l'ombre. « La vie dehors m'a amené à l'alcool et à la fumette, mais ne m'a pas empêché de produire, affirme-t-il en présentant ces oeuvres et Ensemble, le film-performance qui les accompagne. Nous, les gens du dehors, avons beaucoup à raconter aux gens du dedans : la peur, la mort, la solitude, l'amitié aussi, la vie. » Il attire l'attention sur le grand cube noir posé au centre du hall d'exposition : tout autour, des oeilletons permettent de porter un regard sur d'autres photographies de la rue, des visages d'enfants, une seringue jetée par terre, une vieille couverture... « Les personnes prises dans les filets de la condition de sans-abri sont enfermées dans ce cube. Car la rue, c'est une prison renversée : on y dispose d'un maximum d'espace et de liberté, mais d'un minimum de façons de les utiliser. »

« 2Hors-2Dans. Production à 4 mains et parcours initiatique » - Sergio Stern et Anne Bouyer - Jusqu'au 20 mai, dans le hall du CNPHL (Chantier national prioritaire 2008-2012 pour l'hébergement et l'accès au logement) - 78, rue Lecourbe, 75015 Paris - Exposition disponible sur demande à CASA : tél. 04 90 82 33 32

CULTURE

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