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Retraites : le COR présente ses projections financières à moyen et long terme

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Deux jours après le lancement par le ministre du Travail, de la Solidarité et de la Fonction publique, le 12 avril, de la concertation sur la future réforme des retraites (1), le Conseil d'orientation des retraites (COR) a remis au Premier ministre son rapport actualisant les perspectives financières à moyen et long terme du système de retraite (2). Un rapport écourté à la demande d'Eric Woerth, qui ne souhaitait pas que l'instance divulgue l'impact financier qu'induirait l'utilisation de l'un des trois leviers pour réformer les retraites (âge légal de départ à la retraite, durée de cotisation, taux de cotisation) avant que lui-même ne présente les grandes lignes de la réforme à la mi-mai. « Ce n'est [en effet] pas au COR de préjuger des moyens d'atteindre le nécessaire équilibre des régimes de retraite, a estimé le Premier ministre dans un communiqué du 14 avril. Mais les perspectives financières qui sont dressées confirment la nécessité d'élaborer dès maintenant des solutions de redressement. » Dans son rapport, le conseil indique qu'il remettra début mai au gouvernement un « dossier technique [...] qui inclura des variantes aux projections actualisées portant sur la durée d'assurance et les âges de la retraite, et abordera d'autres questions relatives au financement des régimes de retraite ». Mais, d'ores et déjà, ces projections suscitent la controverse au sein de l'opposition et des syndicats, certains dénonçant une dramatisation de la situation financière de la branche vieillesse et d'autres, comme la CGT, s'interrogeant sur la fiabilité des données.

Trois scénarios de projections

Sans surprise, souligne le rapport, la crise financière et économique qui a débuté en 2008 a contribué à une « dégradation plus forte que prévu des comptes des régimes [de retraite] en 2009 et 2010 ». « Les conséquences à long terme [...] sur les perspectives financières du système de retraite sont complexes. Elles dépendent notamment des répercussions de la crise sur la croissance et le chômage à long terme, qui demeurent très incertaines. » Le COR a élaboré trois scénarios économiques - sans en privilégier aucun -, avec des hypothèses démographiques (3) et réglementaires qui n'ont pas évolué par rapport à ses projections de 2007 (4). Pour lui, selon le scénario envisagé, « l'économie retournerait à son équilibre de long terme après 2020, quand la production et le chômage retrouveraient leur niveau d'équilibre de long terme ». Le premier scénario (A), le plus optimiste, suppose un taux de croissance de 1,8 % par an et un taux de chômage de 4,5 % - « soit un niveau significativement inférieur à celui qui a été observé en France depuis 30 ans », souligne le rapport. Ajoutant que, dans ce scénario, « la crise n'aurait aucun effet en niveau sur le produit intérieur brut [PIB] à long terme ». La seconde hypothèse (B), « un peu moins favorable », repose sur un taux de chômage de 4,5 % et un taux de croissance plus faible, de l'ordre de 1,5 % par an. Ici, « la perte de richesse liée à la crise serait de 3,2 % du PIB en 2020 (soit environ 1,6 année de croissance perdue) », indique l'instance. La troisième hypothèse (C), « la moins favorable », s'appuie sur un taux de croissance à long terme de 1,5 % par an (plus faible qu'avant la crise) et un taux de chômage structurel qui se stabiliserait à 7 % en 2022. Conséquence : « une perte de richesse liée à la crise de 4,8 % du PIB en 2020 » (soit environ 2,8 années de croissance perdues).

Un besoin de financement de 72 à 115 milliards d'euros d'ici à 2050

Pour le COR, les perspectives financières à moyen terme sont marquées par les effets de la crise financière et économique. S'agissant des effectifs de cotisants, « dans les trois scénarios, l'emploi et donc le nombre de cotisants chutent en 2009 et 2010 et sont ainsi sensiblement plus faibles à court et moyen terme que dans [son] scénario de base de 2007 ». Par la suite, explique l'instance, « dans la phase de rebond et de diminution du taux de chômage, le nombre de cotisants progresserait, passant de 25,3 millions en 2010 à 26,7 millions en 2024 dans les scénarios A et B, et à 26 millions en 2022 dans le scénario C ». Au-delà, le nombre de cotisants devrait être « quasiment stable jusqu'en 2030 », puis augmenterait jusqu'en 2050 (+ 240 000). Parallèlement, indique le conseil, le nombre de retraités progresserait rapidement, « passant de 15 millions en 2008 à 22,9 millions en 2050 » (5), soit un peu moins de 1,2 cotisant pour un retraité, voire encore moins dans le scénario C du fait d'un taux de chômage plus élevé.

Quant au besoin de financement du système de retraite, il pourrait en 2050 varier de 72 milliards d'euros dans l'hypothèse la plus optimiste (soit 1,7 % de PIB) à 115 milliards selon le scénario le moins favorable (3 % du PIB). Quoi qu'il en soit, a indiqué le président du COR à l'AFP, « tout le monde » doit contribuer au financement des retraites : « il faut éviter de mettre la charge sur les jeunes générations qui, si elle est trop lourde, seraient tentées de ne plus payer ». Raphaël Hadas-Lebel se déclare plus favorable à une « évolution progressive et régulière du système de retraite français ».

Hypothèses de retour à l'équilibre du système de retraite

Le Conseil d'orientation des retraites a ensuite examiné les différentes hypothèses de retour à l'équilibre du système de retraite à l'horizon de 2020, 2030 et 2050. Par exemple, pour atteindre l'équilibre annuel en 2020, il faudrait soit une hausse du taux de prélèvement des cotisations de 5,2 points par rapport à 2008 dans le scénario A - ce qui le porterait à 34 points -, soit reculer l'âge effectif moyen de départ à la retraite de près de cinq ans.

A long terme, le gouvernement pourrait, selon le scénario le plus pessimiste, devoir envisager une hausse du taux de prélèvement de 9,8 points par rapport à 2008, ce qui le porterait à 38,6 points ou à reculer l'âge de départ effectif moyen de départ à la retraite de près de dix ans.

Notes

(1) Voir ASH n° 2655 du 16-04-10, p. 8.

(2) Disponible sur www.cor-retraites.fr.

(3) Le taux de natalité devrait se maintenir à 1,9 enfant par femme, l'espérance de vie devrait passer d'ici à 2050 à près de 84 ans pour les hommes et à 89 ans pour les femmes et le solde migratoire devrait s'établir à + 100 000 personnes par an.

(4) Voir ASH n° 2533 du 30-11-07, p. 11.

(5) En cause, l'arrivée à l'âge de la retraite des générations nombreuses du baby-boom jusqu'en 2035. Au-delà, explique le COR, « la croissance du nombre de retraités, plus modérée, serait tirée par la poursuite de l'allongement de l'espérance de vie aux âges élevés » .

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