«Outiller les professionnels dans le changement de positionnement qu'induit la dynamique participative. » C'est l'objet d'une nouvelle recommandation diffusée le 16 avril par l'Agence nationale de l'évaluation et de la qualité des établissements et services sociaux et médico-sociaux (ANESM) (1), portant sur la participation des usagers dans les établissements médico-sociaux relevant de l'addictologie (centres de soins, d'accompagnement et de prévention en addictologie, centres d'accueil et d'accompagnement à la réduction des risques pour usagers de drogue et communautés thérapeutiques).
Rappelant que, « sur un plan général, les recommandations de bonnes pratiques professionnelles ne sont pas des normes », l'ANESM indique que cette recommandation vise à promouvoir la participation des usagers au fonctionnement de l'établissement, en apportant des réponses aux deux principales questions que se posent les professionnels, à savoir : « Pourquoi encourager les usagers à participer au fonctionnement de l'établissement ? » et « Comment s'y prendre pour amorcer puis pérenniser leur participation au fonctionnement de l'établissement ? »
Dans une première partie de la recommandation, l'agence présente les principes directeurs de la participation et ses enjeux. Elle souligne notamment que les usagers des structures d'addictologie connaissent inégalement leurs droits et rencontrent des obstacles importants pour les faire valoir. C'est pourquoi exercer concrètement un droit d'expression et avoir un lieu pour faire des propositions constituent pour eux une expérience positive, qui renforce l'estime de soi et contribue à corriger les effets psychosociaux de la stigmatisation des usagers (auto-stigmatisation ou représentation négative véhiculée par l'environnement). Autre bénéfice de la participation des usagers : leur avis sur les modalités de l'accueil et les prestations, sur la pertinence des actions et de l'organisation matérielle est une source d'information qui peut permettre aux professionnels d'améliorer la qualité de service.
Lorsqu'ils n'ont pas l'obligation de mettre en place un conseil de la vie sociale (CVS), les établissements sont libres de choisir un autre mode de participation, notamment sous la forme d'un groupe d'expression, est-il rappelé. L'ANESM leur recommande de « faire s'exprimer et participer les usagers sur l'ensemble des activités de l'établissement, y compris thérapeutiques et de réduction des risques ». La participation des usagers n'étant pas une obligation pour eux, elle préconise d'insister dans les outils d'information (livret d'accueil, règlement de fonctionnement) sur la double dimension de ce droit à la participation en indiquant, d'une part, que la participation est facultative et, d'autre part, qu'elle constitue pour les usagers une occasion d'influer sur le fonctionnement de l'établissement et sur la qualité des prestations.
L'agence conseille en outre aux établissements d'« être pragmatique dans la mise en oeuvre » et « de ne pas avoir une vision trop idéalisée de la participation, qui est le plus sûr moyen de ne rien mettre en place ». Pour cela, elle les invite à s'appuyer sur les usagers les plus disponibles, c'est-à-dire ceux qui ont le plus de capacités mobilisables à un moment donné ou ceux qui sont les plus souvent présents et/ou qui ont fréquenté plusieurs services de l'établissement et acquis ainsi une connaissance globale de celui-ci.
Un second chapitre de la recommandation détaille les modalités de mise en oeuvre concrète de la participation. Celle-ci est notamment facilitée par la mise en place d'une réflexion générale préalable des professionnels de la structure, d'information continue des usagers sur les objectifs et le mode de fonctionnement du groupe participatif ou encore d'une formation pour les professionnels. D'autres préconisations portent sur la mise en place d'un groupe participatif (CVS et assimilé, groupe d'expression participatif). Enfin, l'ANESM fournit des éléments pour l'appropriation de la recommandation incluant une série de questions-réponses inspirée par l'analyse qualitative qui a précédé l'élaboration du document.
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