Recevoir la newsletter

Pour de vrai

Article réservé aux abonnés

Deux pédopsychiatres abordent la difficulté à interpréter la parole des enfants en souffrance.

Pour que la parole d'un enfant puisse s'épanouir, il convient de prendre le temps de l'écouter et de parler soi-même vrai à son jeune interlocuteur. Mais, que ce soit à l'école ou à la maison, cette qualité d'échanges intergénérationnels n'est pas toujours au rendez-vous, ce qui conduit nombre de familles dans le cabinet de pédopsychiatres comme Jean-Yves Hayez et Emmanuel de Becker. Ces derniers rendent ici compte de paroles « ignorées, confisquées, tronquées » que leur ont confiées des enfants et adolescents en souffrance. Des paroles toujours signifiantes, ce qui ne veut pas dire qu'il faille immanquablement les prendre au pied de la lettre. Il existe, en fait, deux caractéristiques de la parole de l'enfant, qui ne s'excluent pas l'une l'autre, développent les auteurs : l'authenticité et la fiabilité. Un enfant est authentique lorsqu'il exprime fidèlement ce qu'il ressent (« j'ai eu peur »), ainsi que ce qu'il croit que ressentent les autres (« je crois que papa est fâché »). Il est fiable s'il a un savoir et une capacité de distanciation qui lui permettent de traiter l'information enregistrée pour énoncer un jugement objectif sur la réalité : « S'il a vu et bien vu un comportement de colère chez son père et explique «papa est fâché», son dire est fiable », précisent les psychiatres. Mais ce n'est pas le cas s'il annonce qu'il a vu sa grande soeur faire l'amour parce que celle-ci a embrassé son copain sur la bouche : l'enfant commet, là, de bonne foi, une erreur d'appréciation car, dans son dictionnaire personnel, les deux situations sont équivalentes. Entre vérité intérieure et véracité des faits, la frontière n'est pas toujours simple à tracer et les cliniciens détaillent, avec subtilité, la façon de décoder le discours des enfants, notamment en cas d'allégations d'abus sexuels. Dans ce domaine, le mensonge total est rare, surtout de la part d'enfants d'âge préscolaire. Mais différents facteurs expliquent que les intéressés sont parfois amenés à changer de version, voire à se rétracter complètement. Aussi est-il indispensable que les professionnels au contact de tout-petits soient formés au recueil de leurs révélations verbales. La lecture de cet ouvrage ne peut qu'y contribuer.

La parole de l'enfant en souffrance. Accueillir, évaluer et accompagner - Jean-Yves Hayez et Emmanuel de Becker - Ed. Dunod - 24 €

CULTURE

S'abonner
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client 01.40.05.23.15

par mail

Recruteurs

Rendez-vous sur votre espace recruteur.

Espace recruteur