La tension monte sur le terrain, cinq mois après l'entrée en vigueur de la loi du 24 novembre 2009 sur la formation professionnelle tout au long de la vie qui a abaissé de trois à deux mois la durée minimale de stage gratifiable. Alors que l'Aforts et le GNI ont appelé à une mobilisation nationale le 6 mai prochain, les étudiants en travail social étaient dans la rue le 31 mars, dans plusieurs villes de France, à l'appel du Collectif national des étudiants en travail social (CNETS) (1). Face à la raréfaction de l'offre de stages et à l'absence d'avancées significatives sur ce dossier, ils avaient décidé de manifester devant les préfectures de leurs régions pour faire entendre leurs revendications : le droit à la gratification pour tous les travailleurs sociaux en formation et son financement par l'Etat via un organisme tiers ainsi que la défense du principe de l'alternance.
C'est ainsi qu'une cinquantaine d'étudiants, selon le collectif, ont défilé jusqu'à la préfecture de région à Strasbourg tandis que 200 autres se sont mobilisés à Nantes, 350 à Lyon et 180 à Rennes. La manifestation a pris, en Isère, la forme d'une marche silencieuse avec des cercueils pour symboliser la mort du travail social. En Ile-de-France, c'est devant la direction générale de la cohésion sociale (DGCS) que 200 élèves se sont rassemblés à l'appel du Collectif des étudiants en travail social d'Ile-de-France (Coetsif) (2). L'administration centrale tout comme les préfets de région (ou leurs chefs de cabinet), qui ont reçu les délégations étudiantes, ont promis de faire remonter leurs revendications auprès du ministère du Travail et de la Fonction publique, rapporte le CNETS. A Marseille, les étudiants, qui ont répondu à l'appel du Collectif méditerranéen des étudiants en travail social (CMETS) (3), se sont réunis, quant à eux, devant le conseil régional. Reçus en délégation, ils ont demandé, outre le financement de la gratification, l'organisation d'une table ronde régionale avec tous les acteurs concernés pour préparer la rentrée scolaire 2010-2011. Dans cette perspective, le CMETS devrait adresser des courriers au préfet de région ainsi qu'aux présidents du conseil régional et général.
C'est dans ce climat, pour le moins tendu, que la commission des affaires sociales du Sénat devait, le 7 avril, examiner la proposition de loi de Nicolas About (Union centriste) et de Sylvie Desmarescaux (non inscrite) tendant à faciliter l'accès aux stages des étudiants et élèves travailleurs sociaux. Le texte, qui doit être discuté en séance publique le 29 avril, propose que ces derniers, comme les auxiliaires médicaux, ne bénéficient plus de gratifications, mais d'indemnités de stage. Cette solution, qui est notamment soutenue par l'Association des régions de France et est jugée aujourd'hui par certains comme une piste intéressante pour sortir de l'impasse actuelle, ne fait en tout cas guère l'unanimité.
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