C'est un fait, le développement durable ne laisse pas insensibles les acteurs de l'action sociale. Le concept interpelle et interroge. « C'est une révolution à plus d'un titre, analyse Hervé de Ruggiero, directeur général de la Fédération nationale des associations d'accueil et de réinsertion sociale (FNARS). Nous devons nous en saisir comme d'une opportunité pour réaliser ce que nous ne sommes pas encore arrivés à faire, comme placer la personne au centre » (1). Plus radical, Didier Bergeret, directeur du développement durable au sein du groupe SOS, pense que « l'action sociale est en soi du développement durable au sens où elle vise à garantir le bien-être pour tous ». De fait, pour Laurent Ménochet, documentaliste à l'Institut régional du travail social (IRTS) de Basse-Normandie, il existerait un socle de valeurs communes au développement durable et au travail social : tous deux prôneraient une « politique sociale basée sur la solidarité et la reconnaissance de l'autre et une volonté de lutter contre l'exclusion et la pauvreté » (2). La charte de l'environnement adoptée le 28 février 2005 par le Parlement réuni en congrès à Versailles et intégrée à la Constitution prône d'ailleurs plusieurs principes largement partagés par les acteurs de l'action sociale, comme le respect de la dignité, des droits et des valeurs des personnes. Le sociologue Philip Mondolfo décèle une « proximité théorique, éthique et pratique » entre le travail social et le développement durable (3). Le fait que l'action sociale se soit très tôt emparée « de la pensée complexe qui fonde l'approche systémique, à savoir la prise en compte des interdépendances entre tous les éléments d'un système », est un atout potentiel dans la mise en oeuvre d'une telle démarche, avance également le centre régional d'études et d'actions pour les handicaps et l'insertion (Creahi) Poitou-Charentes.
C'est que le développement durable, tel qu'il a été consacré par le deuxième sommet de la Terre à Rio de Janeiro en 1992, dépasse largement la seule préoccupation écologique. Il repose en effet sur trois piliers : outre la préservation de l'environnement, il promeut le progrès économique et la justice sociale. Porteur d'une philosophie du développement centré sur l'homme, il défend une approche globale (ou transversale) des problèmes et une nouvelle gouvernance qui vise à mieux prendre en compte les usagers en faisant la part belle à la participation des habitants. Pour certains, la loi 2002-2 entrerait ainsi en résonance directe avec la démarche. D'après Hervé de Ruggiero, la FNARS aurait d'ailleurs des atouts à faire valoir en la matière. En témoigne, outre son expérience des réflexions collégiales, l'organisation d'une conférence de consensus sur les sans-abri en novembre 2007, dans laquelle étaient invitées à s'exprimer les personnes mal logées.
Ils sont ainsi quelques-uns à penser que l'action sociale doit prendre toute sa place dans une démarche qui propose un autre modèle de développement. Le travailleur social pourrait « intervenir de façon à accompagner ce changement de paradigme afin qu'il soit compris, voulu et non subi », défendent Francis Joly, élu municipal de Caen, et Muriel Lebarbier, formatrice à l'IRTS de Basse-Normandie (4). Inversement, le développement durable pourrait servir de support à « la métamorphose du travail social, où l'action ne porte plus seulement sur des problématiques individuelles mais aussi sur des situations sociales globales », avance, volontariste, Laurent Ménochet (voir également la rubrique « Vos idées », ce numéro, page 23).
D'aucuns proposent aussi, s'inspirant de la réflexion menée en Suisse, d'intégrer aux formations de base des futurs travailleurs sociaux un volet d'éducation pour un développement durable. En France, des membres du groupe de travail sur le développement durable du Creahi Poitou-Charentes commencent d'ailleurs à intervenir dans le cadre du Cafdes (certificat d'aptitude aux fonctions de directeur d'établissement ou de service d'intervention sociale). Par ailleurs, le réseau RAPPEL (Réseau des acteurs de la pauvreté et de la précarité énergétique dans le logement) propose des formations ciblées sur la précarité énergétique aux professionnels en exercice. Il reçoit de 100 à 150 demandes de formation par an, selon son animateur Franck Dimitropoulos, qui juge ce chiffre insuffisant « alors qu'il y a plusieurs centaines de milliers de travailleurs sociaux en France ». « Il faut trouver les bonnes entrées et surtout convaincre les professionnels que cela va enrichir leurs pratiques professionnelles », assure Didier Bergeret.
Convaincre, c'est bien là toute la question. En effet, au-delà des discours enthousiastes sur le nouveau « paradigme » du développement durable, certains travailleurs sociaux redoutent que la démarche se traduise surtout par de nouvelles pressions sur les familles, leur enjoignant d'adopter des attitudes écologiques - comme la consommation d'aliments biologiques ou l'utilisation de produits de nettoyage écologiques - alors qu'elles ont avant tout besoin d'être aidées à sortir durablement de la pauvreté. « Le développement, pour être durable, doit s'occuper des plus précaires, insiste Patrick Doutreligne, délégué général de la Fondation Abbé-Pierre. Il ne doit pas oublier la durabilité des hommes, la mixité sociale, la cohabitation tous ensemble. » « La démarche de développement durable sera un échec si elle ne réussit pas à réduire les inégalités sociales, poursuit Hervé de Ruggiero. S'il ne s'agit pas de ça, sans doute n'y a-t-il pas de développement durable qui vaille. »
D'où l'intérêt des actions menées autour de la consommation d'énergie chez les ménages les plus modestes. Ce sont eux qui doivent faire face, plus que les autres, à l'augmentation des coûts de l'énergie, notamment parce qu'ils habitent dans des logements mal isolés. De fait, la précarité énergétique (voir encadré ci-dessous) - qui concentre des aspects économiques, sociaux et environnementaux - est de plus en plus souvent prise en compte dans l'accompagnement global proposé par les travailleurs sociaux. Des actions de sensibilisation se multiplient ainsi auprès des populations en difficulté, sous la forme d'ateliers collectifs.
Dans le cadre de l'opération « Kit énergie solidaire », le centre communal d'action sociale (CCAS) du Creusot (Saône-et-Loire), en partenariat avec des associations et des régies de quartier, a suivi 15 familles en situation précaire pendant un an dans l'objectif de leur fournir des conseils et les moyens matériels nécessaires à la maîtrise de leur consommation d'énergie. Chacune d'elles a reçu un kit d'outils (avec notamment un coupe-veille et des lampes basse consommation), et des accompagnateurs, formés aux économies d'énergie, les ont sensibilisées et formées aux gestes simples permettant de consommer moins et mieux au quotidien. A Orthez (Pyrénées-Atlantiques), le CCAS a mené une action identique en direction des gens du voyage en voie de sédentarisation. Ceux-ci ont bénéficié d'un accompagnement dans leurs démarches de souscription à un contrat d'eau et d'électricité et d'ateliers pédagogiques pour les sensibiliser aux économies d'énergie (5).
A ces actions d'éducation envers les populations précaires s'ajoutent les démarches d'insertion qui prennent la préoccupation environnementale pour support. Exemple parmi d'autres : en Auvergne, dans le cadre d'un appel à projets de la Fondation Dexia, la mission locale de Brioude (Haute-Loire) a accompagné des jeunes des communes environnantes dans une action collective de nettoyage de la rivière de l'Allier avec, à la clé, la création d'une exposition itinérante destinée à sensibiliser les habitants à la préservation de leur cadre de vie naturel et aux gestes éco-citoyens. Autre chantier : la mobilité. L'association Voiture & Co (6) propose aux personnes en insertion sociale et professionnelle de trouver une solution qui tienne compte de l'impact environnemental à leur absence de moyens de déplacement pour se rendre à leur rendez-vous administratif, leur formation ou leur entretien d'embauche. Hors donc du tout-voiture.
Reste que certains veulent aller plus loin que la seule attention écologique à laquelle se limitent encore bon nombre d'actions. « Il faut développer des stratégies globales, réfléchir à ce que signifie vraiment le développement durable pour nos structures, explique Daniel Zielinski, directeur général de l'Union nationale des centres communaux et intercommunaux d'action sociale (Unccas). Car un ensemble de mesurettes ne formera jamais une politique de développement durable. »
De son côté, le Creahi Poitou-Charentes a élaboré un Guide pratique du développement durable pour les établissements sociaux et médico-sociaux (7) qui rappelle l'importance d'impliquer le plus de monde possible dans la démarche, en n'oubliant ni les usagers, ni les professionnels, dans une dynamique d'autoformation et de partage d'expériences. Il souhaite, grâce à cet outil, profiter de l'apport du développement durable pour réfléchir aux pratiques d'action sociale et impulser de nouvelles dynamiques institutionnelles ayant des effets concrets dans les territoires en termes de partenariats et d'implication citoyenne. Neuf domaines d'intervention, déclinés en autant de fiches pédagogiques, y sont explorés, depuis les matériaux de construction à privilégier pour les établissements jusqu'aux actions plus globales touchant à leur participation à la vie locale. Plusieurs journées départementales ont été programmées pour approfondir cette thématique (8). Pour le Creahi, il s'agit non seulement de soutenir les initiatives militantes portées par quelques directeurs engagés, mais aussi de répondre aux sollicitations des pouvoirs publics - notamment des administrations sociales - à la recherche de projets innovants en matière d'économies d'énergie.
Malgré la volonté affichée, il demeure toutefois difficile d'adopter une démarche transversale et de modifier en profondeur les modalités d'action. Ceci étant, les promoteurs du développement durable, à l'instar du Creahi Poitou-Charentes, ne désespèrent pas de voir apparaître, dans un second temps, des effets en termes de démocratisation des pratiques. Certains établissements avancent dans cette direction - notamment en menant une réflexion autour de l'alimentation. Cette dernière est en effet une voie d'accès privilégiée au développement durable. En témoignent la création d'activités de restauration biologique dans les ESAT (établissements et services d'aide par le travail) et, plus largement, le questionnement mené au sein de certains d'entre eux sur la nature des produits alimentaires consommés.
L'ESAT de Loulay (Charente-Maritime) entend, lui, profiter du développement durable pour impulser de nouvelles dynamiques partenariales et trouver de nouveaux débouchés. Parallèlement à son activité de maraîchage biologique, il souhaite participer activement à la création d'une filière biologique au niveau régional en tant que plate-forme de conditionnement et/ou d'expédition des produits locaux. Une boutique de produits bio devrait même s'installer dans le nouveau bâtiment HQE (haute qualité environnementale) en cours de construction qui allie géothermie et toiture photovoltaïque, ce qui permettra, à terme, de revendre de l'énergie à EDF. « La plus-value sur le long terme pourrait être utilisée pour améliorer notre fonctionnement interne », assure Didier Daunizeau, directeur de l'ESAT, qui espère aussi s'équiper prochainement en véhicules électriques. Une telle approche n'est néanmoins possible, selon lui, qu'à la condition que les professionnels, les encadrants et les usagers soient motivés. En l'espèce, ces derniers seront bénéficiaires, affirme-t-il : « La démarche va faciliter leur intégration professionnelle grâce à la constitution d'un réseau d'entreprises locales partenaires dans un secteur biologique en développement qui offre des perspectives gigantesques. »
Quant à la maison d'enfants à caractère social (MECS) Le Manoir de Bois Charente (9). Elle accueille en internat des adolescents de 14 à 21 ans qui suivent une formation dans un restaurant d'application. Dans ce cadre, ils apprennent à trier les déchets et sont sensibilisés à des gestes simples (éteindre les lumières, limiter les consommations d'eau...). Des choix ont été faits pour favoriser l'accès à une certaine autonomie énergétique, par exemple avec l'utilisation de l'énergie solaire pour la production d'eau chaude sanitaire pour le pavillon d'hébergement des jeunes. Le remplacement de portes-fenêtres a permis de réduire la consommation de gaz pour le chauffage du restaurant. Devrait suivre le remplacement progressif de l'ensemble des portes. En outre, Le Manoir fournit du bois à la commune voisine (qui a mis en place une chaudière à bois dans la mairie) grâce à son parc forestier de quatre hectares. « Nous avançons au fur et à mesure des idées et des expérimentations de chacun, explique Thierry Pitaud, directeur de l'établissement. Notre secrétaire a proposé de récupérer les cartouches d'encre ; les agents d'entretien entreprennent une démarche visant à passer toutes les ampoules en basse consommation ; nous avons même imaginé, à l'initiative d'un éducateur, de récupérer les eaux pluviales pour les chasses d'eau. » Ce dernier projet a capoté mais de nombreux autres sont en cours : aménagement d'une serre pédagogique, installation de panneaux solaires pour la maison de fonction... Avec, en toile de fond, l'idée que les jeunes, ayant vu faire leurs aînés, acquerront des réflexes écologiques.
Autre initiative : dans la Somme, l'ESAT Nicolas-Roussel, à Gézaincourt, a mis en place une plate-forme de compostage qui fonctionne depuis septembre 2008. Celle-ci permet de recycler, d'une part, les déchets végétaux liés à son activité d'entretien des espaces verts et, d'autre part, les restes de la cantine, où sont servis près de 200 repas par jour. Outre l'intérêt écologique, le compostage permet de réaliser des économies financières en réduisant le recours à la déchetterie et fournit un nouveau support d'activités pour les salariés en insertion en lien direct avec le secteur paysager. A terme, le compost non commercialisé fournira l'engrais nécessaire à une activité de maraîchage biologique en cours de création. Un composteur pédagogique et un lombricomposteur devraient également être installés pour accueillir des établissements scolaires dans un but pédagogique. « Pour nos travailleurs, c'est une façon de devenir acteurs du développement durable, ce qui aura une incidence en termes d'estime de soi », estime Philippe Bailly, chef du pôle « travail adapté » du site de Gézaincourt.
Plus volontariste encore, le groupe SOS - qui compte 160 établissements du secteur sanitaire et social notamment - s'est doté d'un directeur du développement durable chargé de veiller à la mise en oeuvre d'une politique de construction et d'achat responsable. Sous son impulsion, un établissement « lits halte soins santé » (LHSS) a été conçu, à Marseille, avec une ossature en bois et un auvent avec maillage à orientation spécifique, qui conserve la fraîcheur du bâtiment en été et permet d'optimiser la lumière naturelle. Des réflexions sont également en cours sur le traitement des déchets d'activités de soins à risques infectieux (DASRI) dans le but de sensibiliser les équipes à l'importance d'en limiter la quantité en les triant correctement. Des tentatives pour éviter d'utiliser du matériel médical en PVC sont également en cours, compte tenu des risques que ce plastique présente pour la santé et l'environnement. « Plutôt que d'évoquer le développement durable de façon théorique, agissons concrètement sur des questions toutes simples qui n'attendent qu'une chose : qu'on s'en saisisse ! », somme Didier Bergeret, qui regrette le faible intérêt des pouvoirs publics pour ces questions.
On le voit donc, les initiatives ne manquent pas et, sans doute, la démarche, à condition qu'elle ne se limite pas à un vernis écologique, peut-elle aider les établissements à renouveler leur projet et démocratiser leurs pratiques. « Attention toutefois à ce que le développement durable ne devienne pas une nouvelle rhétorique qui masquerait le désengagement de l'Etat et le déclin du service public, qui implique par définition la durée, nuance le sociologue Michel Chauvière. Car le développement durable suppose, comme les droits créances - droit à la protection, droit au logement, droit à la scolarité -, des engagements de la puissance publique. »
Le danger également serait que ce nouveau concept, qui suscite un véritable engouement, serve de valeur refuge à des professionnels en perte de repères et confrontés à la précarisation des publics et aux nouvelles méthodes de management. La réflexion critique sur le sens et la portée de cette démarche dans le travail social est plus que jamais nécessaire.
En France, cinq millions de foyers auraient des difficultés de paiement des factures d'énergie, estime le réseau RAPPEL - qui regroupe depuis 2007 les organisations en lutte contre la précarité énergétique (10). Outre l'existence de tarifs sociaux pour l'électricité et le gaz, les Fonds de solidarité énergie, intégrés depuis 2004 aux Fonds de solidarité pour le logement (FSL) gérés par les départements, fournissent une aide financière d'urgence aux familles en difficulté. En 2006, 300 000 ménages en ont bénéficié. Mais ce traitement social des impayés coûte cher et connaît une progression forte (de 10 % à 15 % par an) sans apporter de réponse durable, souligne l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME). Car le coeur du problème est l'isolation thermique des bâtiments. « Si le prix de l'énergie augmente de 20 %, ce qui est un chiffre tout à fait plausible, ce sont 2,5 millions de ménages supplémentaires qui basculeront dans la précarité énergétique », avance Franck Dimitropoulos, animateur du réseau RAPPEL. Quelques mesures vont certes dans le bon sens. Depuis 2008, les bailleurs sociaux sont, par exemple, incités à rénover 800 000 logements pour en améliorer l'isolation. Mais beaucoup reste à faire, notamment en direction des propriétaires occupants, qui représentent 35 % des foyers modestes. Or il y a urgence : « Les impayés d'énergie ne sont que la partie émergée de l'iceberg, prévient Franck Dimitropoulos. Ils s'accompagnent de phénomènes de surendettement et de mécanismes de restriction et de privation, mais aussi d'une détérioration des logements et de risques sanitaires accrus. » Un groupe de travail sur la précarité énergétique, créé dans le cadre du Plan bâtiment du Grenelle de l'environnement et associant les associations concernées, a remis ses propositions au secrétariat d'Etat au développement durable en décembre dernier (11). Forte de ses conclusions, Valérie Létard, secrétaire d'Etat au développement durable, a annoncé en janvier dernier un plan de réhabilitation de 300 000 logements appartenant à des propriétaires occupants modestes en situation de forte précarité énergétique. Cet « engagement national contre la précarité énergétique », qui s'échelonnera jusqu'en 2017, s'appuiera sur un diagnostic énergétique et technique effectué par des professionnels et un accompagnement pour le montage du dossier, les travaux et le financement. En tout, c'est 1,25 milliard d'euros - dont 500 millions d'euros issus du grand emprunt national - qui devraient être mobilisés dans la lutte contre la précarité énergétique à travers un Fonds national d'aide à la rénovation thermique des logements privés confié à l'Agence nationale de l'habitat (ANAH). En outre, un observatoire national de la précarité énergétique, confié à l'ADEME, devrait voir le jour... Se dirige-t-on, pour autant, vers un vaste programme de rénovation thermique et d'investissements dans des installations et des équipements autonomes ? Rien n'est moins sûr. Fin mars, les associations, guère optimistes, ne savaient toujours pas comment ce plan allait être appliqué sur le terrain. « Pour résoudre le problème, il faudrait toutefois quatre milliards d'euros par an sur dix ans, avance l'animateur du réseau RAPPEL, qui défend un plan global de détection, une mobilisation massive des aides à la pierre et à la personne et une approche individualisée. L'investissement doit être à la fois quantitatif puisque 70 % du parc de logements consomment bien au-delà des 100 KWh/m2 vers lesquels il faudrait tendre, et qualitatif pour agir au plus près des problématiques des personnes. »
Certains établissements précurseurs se lancent dans des travaux visant à faire des économies d'énergie (installation d'un chauffage solaire, utilisation de matériaux renouvelables, récupération des eaux pluviales...) - qui permettent de réaliser de substantielles économies d'exploitation qu'il est désormais possible de réinjecter dans l'investissement (12). C'est ainsi que, grâce à la subvention de l'ADEME (Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie), l'installation en 2002 d'une chaufferie aux déchets de bois dans l'Institut d'éducation motrice (IEM) de Biard (Vienne) a permis une économie de 50 000 € sur les investissements et une division de la facture de chauffage par trois (malgré l'augmentation de 500 m2 de la surface de l'établissement). « Il faut en premier lieu être attentif à la faisabilité économique, sinon on se fait remonter les bretelles par les tutelles », note Antoine Chastenet. Aujourd'hui, cet ex-directeur de l'IEM de Biard et militant (Vert) poursuit la même démarche au sein de l'institut médico-éducatif (IME) de Véniers (Vienne) avec l'installation d'un système d'eau chaude solaire, de panneaux photovoltaïques qui fourniront 60 % de la consommation d'électricité de l'établissement et d'une chaufferie à bois. « Avec l'aide de l'ADEME et l'emprunt à 1 % octroyé par la région pour les investissements liés aux énergies renouvelables, nous sommes dans des zones économiques extrêmement intéressantes », explique-t-il, en insistant sur la nécessité de faire une étude de faisabilité du projet (dans la Vienne, elle est financée pour moitié par l'ADEME, pour moitié par la DDASS) et d'associer les tutelles le plus en amont possible. « A nous d'expliquer, à rebours des idées reçues, que l'entrée dans une démarche de développement durable peut être pertinente en terme de coûts si l'on garde en tête qu'elle s'inscrit dans le temps et suppose des décisions à cinq ans ou plus », observe Aurélie Lanquetot, directrice du Creahi Poitou-Charentes.
(1) Lors des VIes ateliers du développement durable, les 20 et 21 octobre 2009, à Bordeaux, sur le thème « Le développement durable : un levier pour sortir de la crise ? » -
(2) Dossier « Education à l'environnement et travail social : relations durables ? » - Le Sociographe , n° 29 - Mai 2009 - Le Sociographe :1011, rue du Pont-de-Lavérune - CS 70022 - 34077 Montpellier cedex 3 - Tél. 04 67 07 82 73.
(3) Voir sa tribune libre dans les ASH n° 2631 du 6-11-09, p. 21.
(4) Le Sociographe n° 29, op. cit .
(5) Les deux CCAS ont été primés lors de la première édition des Trophées énergie solidaire, organisés par l'Unccas, avec le soutien d'EDF -
(6) L'association Voiture & Co, qui appartient au groupe SOS, développe depuis dix ans de nouvelles pratiques de mobilité à travers des plates-formes de mobilité durable, des actions d'insertion en rapport avec la mobilité et des actions de sécurité routière dans six régions (Bretagne, Centre, Ile-de-France, Nord-Pas-de-Calais, Poitou-Charentes, PACA) - Contact : 41, rue du Chemin-Vert - 75011 Paris - Tél. 01 55 28 97 10 -
(7) Ouvrage collectif sous la direction de Michel Adam et Aurélie Lanquetot - Agenda 21 de l'action sociale - 19 - Creahi Poitou-Charentes : Tél. 05 49 88 22 00.
(8) Les prochaines auront lieu le 23 avril dans la Vienne, le 2 juillet en Charente et le 24 septembre dans les Deux-Sèvres -
(9) Voir ASH, n° 2631 du 6-11-09, p. 30.
(10)
(11) Rapport disponible sur
(12) Comme le stipule le décret relatif à la gestion budgétaire, comptable et financière, et aux modalités de financement et de tarification des établissements et services sociaux et médico-sociaux - Voir ASH n° 2331 du 31-10-03, p. 9.