Le ministre de l'Education nationale présente un plan de prévention de l'illettrisme

«En France, 3 100 000 personnes sont en situation d'illettrisme, soit 9 % de la population âgée de 18 à 65 ans. De même, les tests de la journée d'appel de préparation à la défense révèlent que 21 % des jeunes âgés de 17 ans sont des lecteurs inefficaces, dont 5 % sont en situation d'illettrisme. » « C'est une réalité que l'on ne peut ignorer » et dont les causes sont « à la fois sociales, culturelles et économiques », a constaté le ministre de l'Education nationale en présentant, le 29 mars, un plan de prévention de l'illettrisme axé sur une « action volontariste au sein de l'école ». Des mesures qui satisfont globalement les syndicats de l'Education nationale, qui s'inquiètent toutefois de l'absence de moyens supplémentaires pour les mettre en oeuvre.

Le premier objectif du ministre est de « conforter le rôle de la maternelle comme véritable école. L'appropriation de la langue doit être son objectif essentiel ». Dans ce cadre, il lui paraît nécessaire de faire un « effort sur l'apprentissage méthodique du vocabulaire », de « stimuler la mémoire grâce à l'apprentissage par coeur de textes ou de chansons, à l'école maternelle, mais aussi au-delà », et de « lire aux élèves de façon précoce des textes de qualité, les grands textes de notre littérature ». Luc Chatel souhaite aussi « s'appuyer sur ce que permet la réforme de l'école primaire [de 2008], en particulier sur l'aide personnalisée ». Il entend « lui donner sa pleine mesure à l'école maternelle et la centrer sur la préparation aux apprentissages fondamentaux ».

En ce qui concerne l'école primaire, la lutte contre l'illettrisme passe surtout par la consolidation des acquis de la réforme de 2008. Pour Luc Chatel, il s'agit notamment d'« installer les automatismes grâce à l'apprentissage par coeur, la répétition et la récitation ». Il veut également « encourager le plaisir de lire » (1) et « étendre la part des activités de l'accompagnement éducatif consacrée à l'acquisition des savoirs fondamentaux » (2).

Parallèlement, le ministre va demander à chaque recteur d'académie de missionner un correspondant chargé de la prévention de l'illettrisme. Il souhaite aussi que les inspecteurs de l'Education nationale chargés de la maternelle concentrent leur action sur ce sujet. De façon plus générale, il rencontrera tous les inspecteurs du premier degré afin de les mobiliser sur la prévention et la lutte contre l'illettrisme.

Parce que ce dernier est un « phénomène social global », estime Luc Chatel, l'école ne saurait assurer seule sa prévention. Aussi a-t-il, le même jour, signé trois partenariats. Le premier avec l'Agence nationale de lutte contre l'illettrisme afin de « mieux faire connaître les ressources de l'agence aux cadres [du] ministère, d'organiser des rencontres académiques et de mutualiser les bonnes pratiques ». Il a également signé un protocole d'accord avec les mécènes de l'Association pour favoriser une école efficace (3), qui met notamment en oeuvre des actions d'accompagnement en lecture-écriture de certains enfants de cours préparatoire et de leurs parents et fournit gratuitement aux municipalités une assistance d'ingénierie pour renforcer l'effectivité et l'efficacité de ces actions. Enfin, le ministre a paraphé une déclaration d'intention avec la Ligue de l'enseignement dans le domaine de la prévention de l'illettrisme et de la promotion de la lecture. Objectif : « développer les ateliers d'écriture, les résidences d'écrivains et les manifestations autour du livre ».